L’entreprise n’est pas un produit financier

Écoutez - "L'entreprise n'est pas un produit financier"

by par Yves-Marie Debois Brunet

L’entreprise n’est pas un produit financier

Une formation généraliste… sans confusion des genres

Dans notre école, on vous offre plusieurs formations, principalement le marketing, la gestion financière et les ressources humaines, en insistant bien sur le fait que, s’il est vrai que l’on vous destine à être de bons généralistes, il convient de ne pas mélanger les genres, et de bien prendre conscience de la différence entre eux.

Car c’est d’avoir mélangé les genres qui a conduit à la catastrophe du groupe Casino, naguère encore l’une des plus grandes enseignes mondiales de la distribution, avec 15.000 magasins disséminés dans sept pays et un chiffre d’affaires de plus de 48 milliards d’euros, mais aujourd’hui réduite à peu de chose, et dont l’action ne vaut plus que quelques centimes, contre 110 euros il y a dix ans. Comment en est-on arrivé là ?

 

Le cas Casino : une success story devenue piège financier

Rappelons d’abord brièvement l’épopée de Casino. Ce magasin est né à Saint-Etienne en 1898, dans une ancienne salle de casino achetée par Geoffroy Guichard, ce qui explique un nom qui a pu vous étonner de la part d’une enseigne. Pour continuer un peu dans l’anecdote, le logo écrit en lettres vertes a donné sa couleur à l’équipe de football de la ville, qui au milieu des années 70 a été la vedette du pays. La marque a ensuite acheté Franprix et Leaderprice en 1997, et d’autres encore, dont Géant, sans compter le commerce en ligne avec C-Discount. Bref, une success story qui a fini par susciter l’intérêt de Jean-Charles Naouri, formé à la finance à Harvard, puis élève de l’ENA avant d’être appelé à diriger le cabinet de Pierre Bérégovoy au ministère des Finances, puis bien décidé à voler de ses propres ailes.

Son idée est simple, et elle est imprégnée de la mentalité de l’époque qui a précédé la crise de 2008, dans un contexte de financiarisation extrême de l’économie. En 1991, il achète la marque Rallye, alors en difficulté, et s’appuie sur cette marque pour acquérir ensuite Casino, mais surtout pour construire une pyramide dont le sommet est un fonds d’investissement, Euris, puis à l’étage au-dessous, Finatis, puis encore en-dessous Foncière Euris, enfin Rallye, et à sa base, devant produire de l’argent frais, Casino. Chacune de ses acquisitions a été réussie avec peu de fonds, les autres structures devant rembourser les emprunts.

 

Une pyramide de dettes révélatrice d’un système malade

Vous aurez remarqué que j’ai parlé de ce montage non pas comme d’une tour, mais comme d’une pyramide. Car en effet, elle ressemble, à sa manière, à celle de Ponzi, consistant à prendre à Pierre pour donner à Paul, même si la comparaison n’est pas tout à fait juste, car le système de Ponzi, lui, fonctionne en circuit fermé. En l’occurrence, ici, le système peut fonctionner, à condition que l’activité générale génère suffisamment d’argent pour entretenir… mais entretenir quoi, au juste? Entretenir la dette.

Il y a dix ans, celle-ci approchait les 6 milliards, mais les créanciers comme les actionnaires mettaient cela sur le seul compte de l’investissement, supposé vertueux et rentable à terme. Or, en réalité, les dettes qui s’accumulaient ne reposaient que sur les bénéfices de Casino. À la limite, si personne ne s’en était rendu compte, il n’y avait plus qu’à espérer que Casino maintiendrait ses performances, encore que l’endettement croissant eût probablement dépassé sa capacité à l’amortir. Mais du jour où des agences de notation ont révélé le risque, les banques ont resserré les crédits, et l’ensemble est apparu pour ce qu’il était devenu : une pyramide de Ponzi.

Ce qui n’avait été qu’une prise de risque au départ était devenu une arnaque pure et simple. Mais entre les deux, il y avait une confusion des genres qui est la marque même de la financiarisation de l’économie, souvent un euphorisant, toujours une maladie.

L’Effet Dunning-Kruger

Comprendre l’effet Dunning-Kruger

Dans l’art de manager des équipes, le cadre doit savoir tenir compte, non pas seulement des compétences, mais aussi de la psychologie de ses collaborateurs. Or, aujourd’hui, notre société est parcourue dans tous les sens par des flux d’information qui parfois réussissent à submerger certains esprits, dont on ne sait pas toujours s’ils sont fragiles par nature, ou bien s’ils ont été impactés au mauvais endroit et au mauvais moment ; le contraire de la situation du right man in the right place que recherche toujours le recruteur puis l’animateur du groupe.

C’est en tenant compte de cette complexité que deux psychologues américains, le professeur David Dunning et son assistant Justin Kruger, ont essayé de dégager une sorte de loi que l’on appelle aujourd’hui « l’effet Dunning-Kruger ».

En apparence, leur domaine de recherche n’avait rien d’original. Tout le monde ne le sait pas, bien sûr, mais les savants, ou les spécialistes, ou les techniciens, ou les professionnels aguerris, peu importe le nom qu’on leur donnera, savent que lorsque l’on est trop ignorant, on manque de bases solides pour découvrir qu’on ne sait rien.

L’ignorance sûre d’elle-même

Il en résulte quelquefois, mais pas toujours, cela dépend de la psychologie des uns ou des autres, de leurs sentiments, de leurs complexes ou de leur absence de complexes d’infériorité, il en résulte donc que souvent, moins on en sait, plus on croit en savoir.

Encore une fois, ce n’est pas inévitable : on peut tout ignorer de la cordonnerie et ne pas avoir l’idée saugrenue de prétendre s’y connaître. Mais il peut arriver que quelqu’un manifeste une assurance dérisoire, qui en général n’est qu’une vanité sans conséquence, mais parfois se révèle un terrible handicap.

En 1995, les deux chercheurs ont pu se pencher sur un cas exceptionnel : deux bandits, McArthur Wheeler et Clifton Earl Johnson, avaient attaqué deux banques sans masque, sans foulard, sans rien qui dissimule les traits de leurs visages. Filmés par des caméras de surveillance, ils avaient été donc rapidement appréhendés, et les enquêteurs eurent la surprise de découvrir lors d’un interrogatoire un sentiment d’étonnement : comment se fait-il, avaient dit les deux bandits, que nous ayons été identifiés par les caméras, alors que nous avions enduit nos visages de jus de citron ?

Les policiers leur ayant demandé quel rapport pouvait avoir un jus de citron avec leur forfait, ils avaient répondu avec dédain que tout le monde savait bien que le jus de citron invisibilise l’écriture sur une lettre, selon le principe de l’encre sympathique, et qu’ils avaient logiquement exploité cette propriété naturelle pour leur cambriolage.

Dunning et Kruger étaient tombés sur un cas spectaculaire, que l’on peut juger particulier, mais pas si rare que cela. Il existe une catégorie d’ignorants remplis de certitudes, au point de mépriser celui qui doute, mais qui généralement doute précisément parce qu’il est, lui, un authentique expert. La personne égarée ne voit pas ses erreurs, et croit donc que ce sont les autres qui ne comprennent rien.

Une menace pour le management

Les deux chercheurs ont mis au point un test révélant que les plus mauvais résultats d’un questionnaire sont obtenus par ceux-là mêmes qui étaient les plus certains d’avoir réussi.

Or, il ne faut pas croire que ce phénomène soit cantonné au savoir, à la science, il affecte également le management, car presque toujours, celui qui manifeste le plus de conviction emporte l’adhésion, de sorte qu’une équipe, un groupe, un conseil d’administration, sont tentés de suivre les acteurs qui s’expriment avec assurance plutôt que ceux qui font preuve de compétence.

Les cas historiques abondent, par exemple celui du général Nivelle, convaincu d’avoir raison contre les meilleurs, qui entraîna ses soldats vers une catastrophe militaire, le fameux Chemin des Dames. Mais le cas est également présent dans le monde de l’entreprise, comme le rappelle Jim Collins dans son livre sur les géants qui s’effondrent.

L’Effet Dunning-Kruger

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Le prix de l’essence va-t-il augmenter ?

Une menace relative sur l’augmentation du prix de l’essence

Comme disait le grand Churchill : « la prédiction est un art difficile, surtout quand il s’agit de l’avenir ». Mais tout de même, nous disposons de plusieurs données objectives qui laissent espérer que la guerre israélo-iranienne ne provoquera pas une hausse brutale des cours du pétrole, donc de l’essence à la pompe — autrement dit, l’augmentation du prix de l’essence.

Ce qui fait redouter cette menace, c’est évidemment la position géographique de l’Iran, occupant le flanc nord du golfe Persique, et dont on craint qu’il serait capable de bloquer son entrée, le fameux détroit d’Ormuz. Voyons donc ce que révèlent nos données objectives.

 

Le poids réel de l’Iran sur les marchés pétroliers

D’abord, l’Iran lui-même est certes rempli de pétrole, mais sa commercialisation ne porte que sur 3% des exportations. Sans doute la Révolution islamiste de 1979 a-t-elle provoqué ce qu’on a appelé le Deuxième choc pétrolier des années 70, mais à l’époque, l’Iran pesait pour 12% dans les exportations. Depuis lors, les sources d’approvisionnement se sont diversifiées, et s’il est vrai que le golfe Persique, avec 20% des exportations mondiales, demeure la plus importante, sa proportion dans les échanges a chuté de moitié. Ainsi, même un allongement de la guerre actuelle n’aurait que peu d’effet sur les cours, qui aujourd’hui ne font qu’osciller au-dessus d’une base de 70 ou 75 dollars le baril, le chiffre normal de l’équilibre mondial.

Un blocus du détroit d’Ormuz improbable et risqué

Maintenant, imaginons que, poussé au désespoir, le régime des mollahs, ou des pasdarans si ces derniers les remplacent, décide de s’en prendre au détroit d’Ormuz pour bloquer la route commerciale ?

D’abord, cet acte hostile reviendrait à se mettre à dos, non seulement l’Occident, mais les puissances de l’Extrême-Orient, au premier rang desquelles la Chine, qui vient y acheter 95% de son pétrole. Là encore, le monde a changé depuis 1979, quand la Chine de Mao était sous-développée ; aujourd’hui le Golfe fournit le monde entier. La situation serait donc jugée intenable, et les États-Unis seraient d’autant plus motivés pour intervenir avec la dernière violence, ce qui n’aboutirait qu’à aggraver encore les difficultés de la République islamique.

Ensuite, il n’est même pas certain que le Détroit puisse être efficacement bloqué. Les puissances militairement présentes – États-Unis, Grande-Bretagne et France – ont évidemment imaginé un plan de riposte, avec la collaboration du sultanat d’Oman présent sur la rive sud. Avec seulement 55 kilomètres de large, donc tout de même plus large que le pas de Calais – 30 kilomètres – et beaucoup plus large que le détroit de Gibraltar – 14 kilomètres – l’étroitesse d’Ormuz fait peur, mais il faudrait y échouer une quantité de navires pour construire un barrage ; quant aux moyens proprement militaires, ils se heurteraient à ceux d’en face : non, même techniquement – on n’a jamais essayé, bien sûr – cette opération, par ailleurs suicidaire économiquement, paraît trop difficile.

L’Effet Dunning-Kruger

"l'Effet Dunning-Kruger" https://esm-a.eu/wp-content/uploads/2025/07/1.-LEffet-Dunning-Kruger_01.mp3 Comprendre l’effet Dunning-Kruger Dans l’art de manager des équipes, le cadre doit savoir tenir compte, non pas seulement des compétences, mais aussi de...

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Le dopage des mots

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L’enjeu économique de l’enseignement supérieur

Le conflit entre le gouvernement fédéral et les universités Dans le bras de fer qui oppose le Gouvernement fédéral aux universités américaines, les commentateurs s’arrêtent à son aspect idéologique, ce qui a pour effet de reporter à l’infini notre compréhension des...

Le dopage des mots

La science du management enseigne le pouvoir qu’ont les mots pour déformer la réalité.
Pour le comprendre, il suffit de faire une expérience : on montre à des individus cobayes une petite vidéo où l’on voit deux voitures rentrer en collision.
Puis, on leur demande d’estimer la vitesse des voitures au moment de l’impact.
Mais l’on s’y prend de façon subtile, en posant cinq questions différentes à cinq groupes de cobayes. Une expérience faite en laboratoire a donné les résultats suivants :

  • Premier groupe : À quelle vitesse allaient les deux voitures lorsqu’elles se sont touchées ?
    Réponse moyenne : 49 km/h

  • Deuxième groupe : À quelle vitesse allaient les voitures lorsqu’elles se sont rencontrées ?
    Réponse moyenne : 53 km/h

  • Troisième groupe : À quelle vitesse allaient les voitures lorsqu’elles sont entrées en collision ?
    Réponse moyenne : 60 km/h

  • Quatrième groupe : À quelle vitesse allaient les voitures au moment du choc ?
    Réponse moyenne : 63 km/h

  • Cinquième groupe : À quelle vitesse allaient les voitures au moment du crash ?
    Réponse moyenne : 67 km/h

Ainsi, juste en changeant le mot indiquant l’action, les cobayes qui l’ont entendu sont passés de 49 à 67 km/h, soit presque 20 km/h de plus.

Cette expérience montre que le choix d’un mot, d’une tournure de phrase, ou d’un verbe, suffit à influencer les comportements.

Voilà pourquoi il est impératif de maîtriser le pouvoir des mots dans les métiers de la vente, mais aussi – pourquoi pas – dans ceux qui touchent aux ressources humaines ou à la communication interne.

Remplacer les mots faibles (partant de 49 km/h) par des mots forts (allant jusqu’à 67 km/h) revient à projeter des images dans le cerveau des prospects et à susciter des émotions irrationnelles. On appelle ça le dopage des mots.

Ainsi, on s’aperçoit que le marketing n’est pas une simple affaire de choix stratégique et de chiffres de gestion.
Au sein de la règle d’or des 4 P – prix, produit, place et promotion – le choix des mots joue un rôle facilitateur ou, au contraire, répulsif.

Le même raisonnement peut être tenu, bien sûr, dans le domaine des ressources humaines, où la matière première est l’homme au travail.
De fait, la maîtrise du vocabulaire et des concepts fait partie intégrante de votre formation au management.

Les conférences de méthode

https://esm-a.eu/wp-content/uploads/2021/03/podcast-les-conferences-de-methode.mp3 Les formations...

Le XXIème siècle commence

Ecoutez ce podcast et découvrez les évènements survenus depuis le commencement de ce XXIème siècle.

La Journée des talents du 16 novembre 2022

Le mercredi 16/11 a été consacré à la 1ere Journée des talents de notre école, une belle journée riche d’enseignements aussi bien théoriques que pratiques

Le rôle de la règle dans l’entreprise

Dans une entreprise – comme dans toute communauté d’ailleurs – il existe des règles destinées au bon fonctionnement de l’ensemble...

L’enjeu économique de l’enseignement supérieur

Le conflit entre le gouvernement fédéral et les universités

Dans le bras de fer qui oppose le Gouvernement fédéral aux universités américaines, les commentateurs s’arrêtent à son aspect idéologique, ce qui a pour effet de reporter à l’infini notre compréhension des véritables enjeux, comme un effet de philautie entre deux miroirs qui se font face. Bien sûr, l’aspect idéologique est réel, mais somme toute secondaire au regard de l’enjeu économique, celui de rendre à l’Amérique sa capacité industrielle.

Pour le comprendre – ce ne sera pas long, mais il va vous falloir être un tout petit peu attentifs. Commençons par le déficit américain, qui met en lumière le fameux dilemme de Triffin :
le dollar étant la monnaie mondiale, c’est le déficit des États-Unis qui crée la masse monétaire dont le monde a besoin. Aujourd’hui, il est moins cher d’importer, contre des dettes qui ne vous coûtent rien, puisque le dollar est une monnaie sui generis, plutôt que de produire soi-même.

Deux écoles pour sortir de la désindustrialisation

Mais on sait que le bilan de la désindustrialisation est d’enfoncer les pauvres, d’appauvrir les classes moyennes et d’enrichir les riches. La société américaine est très malade de sa pauvreté, et de ses conséquences (analphabétisme, obésité, drogue, etc.) que le soft power hollywoodien nous cache mais qui n’en sont pas moins graves pour autant. Pour sortir de la désindustrialisation, deux écoles s’opposent dans l’entourage du Président. Celle de M. Musk vise à réduire drastiquement les dépenses budgétaires, ce qui
aura pour effet de sauver le dollar de sa destruction par les intérêts de la dette. Mais alors, on crée une crise politique, car on s’en prend à un énorme entrelacs d’administrations parasites, que l’on peut bien se représenter en France car on y rencontre le même phénomène.

Une autre école, celle d’un collaborateur beaucoup moins connu, M. Stéphane Miran, préconise d’augmenter les droits de douane, pour freiner les importations. Cela revient à
affaiblir le dollar, mais en échange, ce dollar deviendra compétitif pour l’exportation. Cette option est donc purement économique, c’est celle que semble privilégier en ce moment M. Trump, elle risque de décevoir ses partisans car ainsi est maintenu le parasitisme qu’il prétendait détruire. Cela dit, à terme, l’affaiblissement du dollar ruinera les parasites qui ne vivent pas de la production mais seulement du dollar. Au passage, le pourrissement monétaire affectera les retraités, ce qui probablement engendrera des problèmes électoraux.

L’enjeu humain : la formation des ingénieurs

Dans un cas comme dans l’autre, l’objectif est donc de réindustrialiser. Mais encore faut-il en avoir les moyens humains. Les États-Unis, avec 300 millions d’habitants, forment
250.000 ingénieurs par an. Autrement dit, pas mieux que la Chine, qui en forme 1,5 million, soit le quintuple, comme sa population est le quintuple de la leur. Mais cette égalité
tranche avec le fait que tout ce qui a été inventé (ou presque) depuis 1945 est américain. Et surtout, la performance est médiocre en comparaison de la Russie, qui, avec une population
moitié moindre, en forme 450.000, elle formerait donc le double à population égale, 900 contre 250… Pour se consoler, les Américains peuvent tourner les yeux vers la France et ses 37.000 formés par an, qui donc, à population égale, n’atteindraient pas la barre des 200.000. Mais de savoir que votre voisin est plus malade que vous ne suffira pas à vous guérir…

Pour en rester aux États-Unis, 3 millions de personnes produisent l’innovation, dont la moitié d’étrangers. 10% de la population sont très bien formés pour participer à la production, mais 60% ont un niveau de lecture inférieur à ce qu’on attend d’un enfant de 12 ans.

On l’aura compris, il faut donc réformer le système éducatif américain. D’où le conflit entre M. Trump et les universités submergées par un wokisme improductif, et surtout qui
bloque la transmission du savoir. Nous le répétons sur tous les tons : la formation est la clef de l’avenir, et telle est la vocation de notre école, leader de l’alternance.

Classement Eduniversal ESM-A 2025

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Nos formations classées au sein du Classement Eduniversal 2025

C’est avec une grande fierté que nous annonçons que l’ESM-A figure une nouvelle fois dans le classement 2025 d’Eduniversal. Ce classement récompense les meilleurs Masters, MS et MBA par catégorie.

Les formations concernées sont :

  • Le Bachelor de Management Spécialisé de l’ESM-A (Ecole Supérieure de Management en Alternance) est 22ème de sa catégorie. (Eduniversal 2024).
  • Le Programme Grande Écoles de l’ESM-A est classé 15ème de sa catégorie. (Eduniversal 2024)
  •  Le Mastère de management Spécialisé en Alternance Contrôle de Gestion et pilotage des organisations est classé 38ème de la catégorie Audit interne et Contrôle de Gestion.

Les programmes sont disponibles en :

  • Formation Initiale
  • Formation continue pour les professionnels
  • Formation en Alternance

Rappel de ce qu’est le classement Eduniversal

Eduniversal identifie et valorise les expertises des universités et des écoles en France et dans le monde. Le Classement des meilleurs Masters, MS & MBA est un référent utilisé par les étudiants et les entreprises pour connaître l’offre de formation la plus qualitative et faire leur choix. C’est à l’heure actuelle, le seul « ranking » qui évalue les formations grâce à une approche par secteur et selon les critères du marché uniquement.

 

Méthodologie du classement Eduniversal

Les différents critères utilisés pour le classement Eduniversal :

  • Le critère de notoriété
  • Le salaire premier emploi et la poursuite d’études
  • Le retour de satisfaction des étudiants
  • Les « points bonus »

Cette méthodologie repose à la fois sur des données objectives (statistiques, enquêtes d’insertion, etc.) et des avis d’experts (comités académiques, entreprises partenaires).

Le Salon du lycéen et de l’étudiant d’Ile-de-France 2024

Nous serons présents au Salon du lycéen et de l’étudiant d’Ile-de-France 2024 les 02, 03 et 04 février 2024 à Porte de Versailles.

Nous répondrons à toutes vos questions concernant les cursus proposés, les modalités d’admission, les diplômes…

 

INFOS PRATIQUES :

Lieu : Porte de Versailles, Hall 5.2 et 5.3 – place de la Porte de Versailles – 75015 PARIS
Date : Vendredi 2, samedi 3 et dimanche 4 février 2024
vendredi de 10h à 17h, samedi et dimanche de 10h à 18h

 

Classement Eduniversal ESM-A 2024

eduniversal 2024 esm-a

Le classement Eduniversal dévoile les meilleurs Bachelors et Grandes Ecoles de France !

Le Bachelor de l’ESM-A figure à la 22ème place dans le classement national en Management Général et Gestion d’entreprise.

Le Programme Grande École est à la 15ème place dans la catégorie Ecoles de commerce – Post bac.

 

Le Bachelor de l’ESCI se démarque également avec la 18ème place du classement en Commerce International.

 

Retrouver toutes nos autres formations classées en 2024 sur notre page dédiée !
N’attendez plus et rejoignez-nous !

Je postule
 

Le Salon Postbac Île-de-France 2024

Nous serons présents au Salon Postbac Île-de-France 2024, du Vendredi 12 janvier au samedi 13 janvier, à la Villette.

Venez vous renseigner sur nos formations.

Infos pratiques :

Date : Vendredi 12/01/2024 au samedi 13/01/2024

Lieu :  « Grande Halle de la Villette » 211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris

Horaire : 9h à 18h

Le management est-il nazi ?

management

 

Monsieur Chapoutot, professeur d’histoire à la Sorbonne, est l’auteur d’une thèse hardie sur les supposées racines national-socialistes du management. Son travail, intitulé Libres d’obéir : le management, du nazisme à aujourd’hui, a fait l’objet d’une publicité bienveillante, dans des milieux où la rigueur scientifique n’est pas nécessaire, mais où l’imaginaire est propice aux engouements naïfs de toutes sortes.

Résumons cette thèse. Le régime nazi, enseigne l’auteur à ses étudiants de la Sorbonne, s’est occupé de rationaliser la menschen führung, la direction des hommes. Pour obtenir beaucoup de la force productive (aujourd’hui appelée ressource humaine, une expression que l’auteur juge affreuse, pourquoi pas en effet, parce qu’elle assimile le travailleur aux autres ressources comme celles des mines, des gisements, des réserves halieutiques ou de gibier), il faut une organisation du travail qui ne soit pas verticale – nous dirions aujourd’hui patriarcale, mais au sens scientifique de ce terme – mais plutôt horizontale, faisant appel à la participation consentie de chacun. Or, ce que Chapoutot ignore, c’est que ce modèle n’est qu’une variante de la « fabrique du consentement » théorisée aux Etats-Unis à la même époque, entre autres par Edouard Bernays – lui-même issu d’une famille germanique, de surcroît juif – et donc n’a rien de spécifique au nazisme lui-même, puisque la suscitation de l’adhésion collective y était au contraire regardée comme une nécessité managériale engendrée par le système démocratique où l’on n’impose rien au peuple, mais où l’on peut le manipuler pour fabriquer son consentement.

Chapoutot s’attarde sur le cas de Reinhard Höhn, professeur de Droit à Berlin puis à Iéna, adhérent du parti nazi dès l’accession d’Hitler au pouvoir. Entré dans la SS en 1934, il y gravit rapidement les grades militants jusqu’à devenir un général SS, lui qui n’a jamais pratiqué le métier des armes ; un général d’opérette donc, un opéra sanglant sans doute mais des galons d’opérette tout de même, la SS n’étant pas l’armée à proprement parler, et lui-même n’ayant jamais combattu. Les médias à sensation parlent d’un « général SS devenu professeur », alors que c’est plutôt un professeur bombardé général par extravagance du militantisme nazi, comme on pourrait parler inversement d’un militant hissé au grade de docteur. Chapoutot enseigne que le principe de management selon Höhn est la délégation de responsabilité, consistant à confier une mission au subordonné : celui-ci dispose donc d’une certaine autonomie dans le choix des moyens à mettre en œuvre. En contrepartie de cette autonomie de décision de l’acteur sur le terrain, celui qui se trompe doit en assumer les conséquences : la culpabilité de l’échec ne revient donc pas au donneur d’ordre, mais à son exécutant. Il y a sans doute quelque chose de discutable dans cette manière de commander, mais encore une fois, pourquoi l’attribuer au nazisme ? Ceci n’est pas nouveau en Allemagne, c’est une méthode héritée des principes prussiens de la guerre, où l’acteur le plus proche de l’action menée dispose d’une liberté certaine dans la prise de décision – sans doute un héritage des chevaliers teutoniques fondateurs de la Prusse. C’est donc une invention prussienne, et avec la sujétion de toute l’Allemagne à la Prusse à partir de 1871, c’est devenu allemand en général.

Le IIIe Reich, gouvernant une société aussi moderne que l’Amérique à la même époque, croit en un décuplement de force par la joie (Krafft durch freude) : il réfléchit à l’ergonomie, l’hygiène au travail, l’aération des lieux de production, l’éclairage, l’esthétique de ces lieux, les loisirs, les congés payés ; il organise des sorties d’entreprise, des randonnées, des croisières, tout ce qui revient au comité d’entreprise. Il s’agit de motiver, de régénérer le travailleur exténué par sa tâche, donc, effectivement, de mieux le rentabiliser. Après la guerre, Höhn ouvrit une école de management à Bad-Harzburg, dans l’ancien duché de Brunswig en Basse-Saxe. Il rédigea des ouvrages de management devenus des classiques, mais qui ne faisaient que concurrencer le modèle américain. Ce qui est vrai, c’est que son école a été la pépinière des cadres allemands de l’après-guerre, et que les principes de management qu’il avait professés auparavant ont été perpétués.

Ce qui est encore vrai, dans la thèse de Chapoutot – à défaut d’être nouveau – c’est la possibilité qu’offre le management moderne de manipuler les acteurs par la dynamique des groupes. Mais Edouard Bernays et ses successeurs ont démontré que la démocratie est un système bien plus efficace pour fabriquer le consentement. Il semble donc que Chapoutot soit victime d’un effet loupe produit par le mauvais souvenir que l’Allemagne hitlérienne a laissé à l’Europe, comme si l’Allemagne moderne avait été inventée par le IIIe Reich, et donc,  comme si tout ce qui a été inventé en Allemagne devait être marqué du sceau de l’infamie. Il se trouve que l’Allemagne a été la mère du XXe siècle par la qualité de ses scientifiques et, jusqu’en 1945, souvent en avance sur ses concurrentes : on pense à la chimie, la physique, l’aéronautique… Le IIIe Reich n’a rien créé de tout cela, au contraire, le régime d’oppression nazi, comme tout régime d’oppression, a contribué à faire tomber l’Allemagne de son piédestal scientifique : la même chose est arrivée à la Russie devenue communiste. On peut ne pas aimer le management moderne, c’est un droit, on peut lui préférer la gestion paternaliste dans la France d’autrefois, c’est aussi un droit, ce peut être un sentiment, une préférence ; mais la reductio ad hitlerum, si elle est une pratique à la mode, trahit chez ce docteur en histoire un manque de rigueur auquel malheureusement, l’université française nous a habitués, ce pourquoi, précisément, tant d’étudiants lui préfèrent l’enseignement réaliste dispensé dans nos écoles.

Pour écouter d’autres podcasts sur l’actualité, rendez-vous sur la page Actualités de l’ESM-A.