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Le dopage des mots

La science du management enseigne le pouvoir qu’ont les mots pour déformer la réalité.
Pour le comprendre, il suffit de faire une expérience : on montre à des individus cobayes une petite vidéo où l’on voit deux voitures rentrer en collision.
Puis, on leur demande d’estimer la vitesse des voitures au moment de l’impact.
Mais l’on s’y prend de façon subtile, en posant cinq questions différentes à cinq groupes de cobayes. Une expérience faite en laboratoire a donné les résultats suivants :

  • Premier groupe : À quelle vitesse allaient les deux voitures lorsqu’elles se sont touchées ?
    Réponse moyenne : 49 km/h

  • Deuxième groupe : À quelle vitesse allaient les voitures lorsqu’elles se sont rencontrées ?
    Réponse moyenne : 53 km/h

  • Troisième groupe : À quelle vitesse allaient les voitures lorsqu’elles sont entrées en collision ?
    Réponse moyenne : 60 km/h

  • Quatrième groupe : À quelle vitesse allaient les voitures au moment du choc ?
    Réponse moyenne : 63 km/h

  • Cinquième groupe : À quelle vitesse allaient les voitures au moment du crash ?
    Réponse moyenne : 67 km/h

Ainsi, juste en changeant le mot indiquant l’action, les cobayes qui l’ont entendu sont passés de 49 à 67 km/h, soit presque 20 km/h de plus.

Cette expérience montre que le choix d’un mot, d’une tournure de phrase, ou d’un verbe, suffit à influencer les comportements.

Voilà pourquoi il est impératif de maîtriser le pouvoir des mots dans les métiers de la vente, mais aussi – pourquoi pas – dans ceux qui touchent aux ressources humaines ou à la communication interne.

Remplacer les mots faibles (partant de 49 km/h) par des mots forts (allant jusqu’à 67 km/h) revient à projeter des images dans le cerveau des prospects et à susciter des émotions irrationnelles. On appelle ça le dopage des mots.

Ainsi, on s’aperçoit que le marketing n’est pas une simple affaire de choix stratégique et de chiffres de gestion.
Au sein de la règle d’or des 4 P – prix, produit, place et promotion – le choix des mots joue un rôle facilitateur ou, au contraire, répulsif.

Le même raisonnement peut être tenu, bien sûr, dans le domaine des ressources humaines, où la matière première est l’homme au travail.
De fait, la maîtrise du vocabulaire et des concepts fait partie intégrante de votre formation au management.

Les conférences de méthode

https://esm-a.eu/wp-content/uploads/2021/03/podcast-les-conferences-de-methode.mp3 Les formations...

Technocratie

  https://esm-a.eu/wp-content/uploads/2020/02/technocratie.mp3 Qu’est-ce que la technocratie...

Le dopage des mots

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Le Directeur des Ventes

https://esm-a.eu/wp-content/uploads/2020/06/podcast-directeur-des-ventes.mp3 Qui est le directeur...

La paupérisation des français

 

L’un des indicateurs de la hausse de la pauvreté en France est le nombre grandissant de ses habitants qui, en ce moment, frappent à la porte des associations caritatives, du type Secours catholique ou Restos du cœur. Quand on observe de près le phénomène, on distingue les pauvres arrivant de régions du monde où la misère est encore plus grande, et un nombre croissant de « nouveaux pauvres » de souche. Le ministre de l’économie a déclaré que leur augmentation est – je cite – « le signe que l’inflation touche très durement beaucoup de nos compatriotes ». Ceci est un constat, mais l’on attend une explication plus complète, qui nous conduirait jusqu’à la sphère des causes, où l’on reconnaît la figure du pompier pyromane.

Entrons dans le détail.

Une cause ancienne aura été la rupture des flux et des stocks, conséquence de la pandémie du coronavirus qui a désorganisé l’économie mondiale. Mais ces conséquences s’estompaient à mesure que l’activité économique retrouvait ses marques : nous sommes donc passés d’une crise mondiale à une crise française, causée moins par un contexte économique que par la conduite d’une politique. Commençons toutefois par les responsabilités collectives.

Une première erreur collective a été celle des banques centrales qui, pour répondre à la crise financière de 2008, ont gonflé la création monétaire au risque de produire une monnaie de singe incapable de retenir l’inflation qui en découle. Deuxième erreur collective : suite à l’intervention de la Russie dans la guerre en Ukraine, nos sanctions se sont retournées contre nous, notamment par le renoncement au gaz de Sibérie qui coûte 30% moins cher que l’américain. Notre ministre de l’économie avait rêvé de mettre l’économie russe à genoux, mais c’est le contraire qui s’est produit, car la richesse est étroitement liée à la consommation d’énergie.

 

Le seuil de pauvreté en baisse chez les français

Mais à ces causes s’ajoutent, et c’est bien plus grave à long terme, des causes uniquement françaises. La baisse continue du niveau scolaire des Français les désarme face à un futur qui fait appel à plus de compétence professionnelle et académique. Les catégories B et C sont logiquement les plus touchées, 15% de la population vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Les délocalisations, motivées par la recherche d’une main-d’œuvre moins coûteuse, ont transformé les Français en consommateurs d’une richesse qu’ils ne produisaient plus eux-mêmes, aveuglés par la doxa de l’avantage comparatif résultant de la division internationale du travail, mais qui n’a pas empêché la Chine et l’Inde d’accéder à une haute technologie désormais concurrente. En outre, en renonçant à maîtriser ses frontières, la France a mis son Etat-providence en péril : un tiers de son PIB est consacré à cet impératif idéologique par le truchement de sa redistribution sociale. « On ne peut pas regonfler un pneu crevé », disait l’économiste Alfred Sauvy : le système ne pourra survivre que si l’on y colle une rustine.

 

seuil de pauvreté

 

Enfin, les dépenses excessives consacrées à la transition énergétique, qui entravent les investissements réellement productifs, creusent encore les déficits, poussent l’inflation à la hausse, donc augmentent le nombre de pauvres. Pour en sortir, la République fait porter par sa population le plus fort taux d’imposition au monde. Or, passé un certain seuil, plus on gagne, moins on paye, grâce à la défiscalisation légale ou illégale. Face aux plus riches avec lesquels l’élite politique a partie liée, l’Etat est trop faible pour agir. Au moins pourrait-il envisager de faire croître la richesse qu’il redistribue : on en est trop loin, la désertification des soins médicaux, la faiblesse ou l’absence des revenus, la précarité des logements, l’insécurité physique, la fracture numérique sont autant de signes d’une crise qui s’est manifestée naguère avec la révolte des gilets jaunes, une foule sans armes que le régime a pu mater. Néanmoins, mater une population ne met pas fin à son appauvrissement.

 

Sources:

Les principaux indicateurs de conjoncture économique

La pauvreté et les inégalités s’accentuent en France, selon INSEE

A quels niveaux se situe les seuils de pauvretés en France ?

 

 

Le management est-il nazi ?

management

 

Monsieur Chapoutot, professeur d’histoire à la Sorbonne, est l’auteur d’une thèse hardie sur les supposées racines national-socialistes du management. Son travail, intitulé Libres d’obéir : le management, du nazisme à aujourd’hui, a fait l’objet d’une publicité bienveillante, dans des milieux où la rigueur scientifique n’est pas nécessaire, mais où l’imaginaire est propice aux engouements naïfs de toutes sortes.

Résumons cette thèse. Le régime nazi, enseigne l’auteur à ses étudiants de la Sorbonne, s’est occupé de rationaliser la menschen führung, la direction des hommes. Pour obtenir beaucoup de la force productive (aujourd’hui appelée ressource humaine, une expression que l’auteur juge affreuse, pourquoi pas en effet, parce qu’elle assimile le travailleur aux autres ressources comme celles des mines, des gisements, des réserves halieutiques ou de gibier), il faut une organisation du travail qui ne soit pas verticale – nous dirions aujourd’hui patriarcale, mais au sens scientifique de ce terme – mais plutôt horizontale, faisant appel à la participation consentie de chacun. Or, ce que Chapoutot ignore, c’est que ce modèle n’est qu’une variante de la « fabrique du consentement » théorisée aux Etats-Unis à la même époque, entre autres par Edouard Bernays – lui-même issu d’une famille germanique, de surcroît juif – et donc n’a rien de spécifique au nazisme lui-même, puisque la suscitation de l’adhésion collective y était au contraire regardée comme une nécessité managériale engendrée par le système démocratique où l’on n’impose rien au peuple, mais où l’on peut le manipuler pour fabriquer son consentement.

Chapoutot s’attarde sur le cas de Reinhard Höhn, professeur de Droit à Berlin puis à Iéna, adhérent du parti nazi dès l’accession d’Hitler au pouvoir. Entré dans la SS en 1934, il y gravit rapidement les grades militants jusqu’à devenir un général SS, lui qui n’a jamais pratiqué le métier des armes ; un général d’opérette donc, un opéra sanglant sans doute mais des galons d’opérette tout de même, la SS n’étant pas l’armée à proprement parler, et lui-même n’ayant jamais combattu. Les médias à sensation parlent d’un « général SS devenu professeur », alors que c’est plutôt un professeur bombardé général par extravagance du militantisme nazi, comme on pourrait parler inversement d’un militant hissé au grade de docteur. Chapoutot enseigne que le principe de management selon Höhn est la délégation de responsabilité, consistant à confier une mission au subordonné : celui-ci dispose donc d’une certaine autonomie dans le choix des moyens à mettre en œuvre. En contrepartie de cette autonomie de décision de l’acteur sur le terrain, celui qui se trompe doit en assumer les conséquences : la culpabilité de l’échec ne revient donc pas au donneur d’ordre, mais à son exécutant. Il y a sans doute quelque chose de discutable dans cette manière de commander, mais encore une fois, pourquoi l’attribuer au nazisme ? Ceci n’est pas nouveau en Allemagne, c’est une méthode héritée des principes prussiens de la guerre, où l’acteur le plus proche de l’action menée dispose d’une liberté certaine dans la prise de décision – sans doute un héritage des chevaliers teutoniques fondateurs de la Prusse. C’est donc une invention prussienne, et avec la sujétion de toute l’Allemagne à la Prusse à partir de 1871, c’est devenu allemand en général.

Le IIIe Reich, gouvernant une société aussi moderne que l’Amérique à la même époque, croit en un décuplement de force par la joie (Krafft durch freude) : il réfléchit à l’ergonomie, l’hygiène au travail, l’aération des lieux de production, l’éclairage, l’esthétique de ces lieux, les loisirs, les congés payés ; il organise des sorties d’entreprise, des randonnées, des croisières, tout ce qui revient au comité d’entreprise. Il s’agit de motiver, de régénérer le travailleur exténué par sa tâche, donc, effectivement, de mieux le rentabiliser. Après la guerre, Höhn ouvrit une école de management à Bad-Harzburg, dans l’ancien duché de Brunswig en Basse-Saxe. Il rédigea des ouvrages de management devenus des classiques, mais qui ne faisaient que concurrencer le modèle américain. Ce qui est vrai, c’est que son école a été la pépinière des cadres allemands de l’après-guerre, et que les principes de management qu’il avait professés auparavant ont été perpétués.

Ce qui est encore vrai, dans la thèse de Chapoutot – à défaut d’être nouveau – c’est la possibilité qu’offre le management moderne de manipuler les acteurs par la dynamique des groupes. Mais Edouard Bernays et ses successeurs ont démontré que la démocratie est un système bien plus efficace pour fabriquer le consentement. Il semble donc que Chapoutot soit victime d’un effet loupe produit par le mauvais souvenir que l’Allemagne hitlérienne a laissé à l’Europe, comme si l’Allemagne moderne avait été inventée par le IIIe Reich, et donc,  comme si tout ce qui a été inventé en Allemagne devait être marqué du sceau de l’infamie. Il se trouve que l’Allemagne a été la mère du XXe siècle par la qualité de ses scientifiques et, jusqu’en 1945, souvent en avance sur ses concurrentes : on pense à la chimie, la physique, l’aéronautique… Le IIIe Reich n’a rien créé de tout cela, au contraire, le régime d’oppression nazi, comme tout régime d’oppression, a contribué à faire tomber l’Allemagne de son piédestal scientifique : la même chose est arrivée à la Russie devenue communiste. On peut ne pas aimer le management moderne, c’est un droit, on peut lui préférer la gestion paternaliste dans la France d’autrefois, c’est aussi un droit, ce peut être un sentiment, une préférence ; mais la reductio ad hitlerum, si elle est une pratique à la mode, trahit chez ce docteur en histoire un manque de rigueur auquel malheureusement, l’université française nous a habitués, ce pourquoi, précisément, tant d’étudiants lui préfèrent l’enseignement réaliste dispensé dans nos écoles.

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Le rôle de la règle dans l’entreprise

 

Dans une entreprise – comme dans toute communauté d’ailleurs – il existe des règles destinées au bon fonctionnement de l’ensemble. Nous disons bien : des règles, pas des principes, car des principes, on en a ou en n’en a pas, cela dépend de la culture, voire de la liberté de chacun ; tandis que seule la règle est capable de s’imposer à tous.

Les règles primordiales dans l’entreprise

Encore faut-il, naturellement, que l’on perçoive en amont de toute règle une réalité disposant qu’il existe une culture d’entreprise en général, donc des règles primordiales sans lesquelles une entreprise ne peut pas tenir debout. Donnons un exemple : l’entreprise est destinée à produire de la richesse, au minimum de quoi permettre à ceux qui y travaillent de vivre du produit de leur activité. Cela vaut pour toute entreprise, sans quoi elle vivrait aux dépens d’une autre richesse non produite par elle-même, tant que son activité serait déficitaire. Par parenthèse, ce que nous disons aujourd’hui vaut pour l’entreprise au sens plein du terme, celui de l’activité économique, mais naturellement nous savons qu’il existe des établissements qui, compte tenu de leur secteur d’activité, ne dépendent pas de la recherche du profit, tout en se conformant aux règles générales du fonctionnement. C’est le cas des services publics, qui peuvent se permettre, du moins tant qu’un consensus y consent, de ne produire que du déficit, mais pour le bien commun, en l’occurrence l’administration collective dont la raison d’être est de faciliter nos relations, de les harmoniser parfois, ou de répartir les fruits de l’activité économique.

règles entreprise

Ces règles générales de l’entreprise peuvent faire l’objet d’une réflexion en amont : il fut un temps, par exemple, où certains espéraient pouvoir soumettre une entreprise à un régime d’autogestion. Intervenaient alors, dans l’activité économique, des principes extérieurs, empruntés à la politique : la démocratie, l’égalitarisme que l’on voulait transposer du domaine de la loi et de la citoyenneté à celui de la production. L’expérience a été tentée dans certains pays, généralement exposés à un régime apparenté au socialisme, la Yougoslavie, ou l’Algérie, ou le Chili de Salvador Allende. Ces expériences faisant disparaître toute distinction entre dirigeants et dirigés ont pu exalter l’imaginaire, mais n’ont pas été concluantes dans la réalité économique vécue. Entre autres faiblesses, on a relevé que ce type d’organisation recherche spontanément l’équilibre immobile de ses membres pour protéger les revenus de chacun, faisant fi des aléas de l’environnement économique, comme la pression des prix par exemple. Un tropisme malthusien qui prive l’entreprise de toute possibilité d’adaptation de la force de travail à la courbe des prix.

Les règles particulières à chaque entreprise

Pour être cohérente avec les lois économiques, l’entreprise a donc besoin de se conformer à la règle générale de son fonctionnement. Mais au-delà de ce minimum, elle ajoute souvent des règles particulières, selon le secteur de son activité. Par exemple, le port d’une combinaison spéciale dans les usines chimiques, ou d’un couvre-chef dans le bâtiment, ou le traitement de certaines ressources alimentaires comme la viande : on pourrait citer de multiples exemples. L’entreprise, alors, adopte un règlement intérieur spécifique. En tout état de cause, la règle est l’épine dorsale de l’activité, et celui qui transgresse le règlement intérieur se met toujours en tort, parce qu’ici, l’individu se donne à lui-même licence de nuire à ses semblables.

 

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Le Sport en ligne 

 

En milieu urbain, compte tenu de l’intensité du travail et du temps de transport, beaucoup hésitent à se rendre dans les salles de sport individuelles pour entretenir leur forme, surtout quand ils ne sont pas célibataires : souvent, ils paient un abonnement sans pouvoir en profiter pleinement. Le développement technique leur permet aujourd’hui de remplacer la salle par des séances en ligne sur internet.

Il peut paraître paradoxal d’envisager de faire du sport individuel, non pas en salle, mais en ligne. Et pourtant, nous assistons à une montée en puissance de ce modèle, qui est aussi, vous l’aurez compris, un business model – nous y reviendrons. D’ailleurs, il n’est pas tout à fait nouveau pour la génération de vos professeurs, qui se souviennent du succès que rencontra, durant la décennie 80, le duo féminin formé par Véronique de Villèle et Davina Delor à la télévision : il s’agissait alors de gymnastique ou de mise en forme, et il suffisait de faire comme elles, mais de l’autre côté de la caméra : on s’habillait dans la même tenue pratique, et l’on répétait avec elles les mouvements du corps.

sport en ligne

Ce qui est nouveau sans doute avec internet, qui, en cela comme en d’autres matières, a tendance à détrôner la télévision, c’est que la gamme des activités physiques est plus étendue : fitness, musculation, cross training, arts martiaux, gymnastique, bien-être, cours de yoga, danses sportives, cardio, boxing, et même natation et aquagym ! Alors, bien sûr, pour ces trois dernières activités, il s’agit plutôt de tutoriels divisés en chapitres vidéos : peut-être qu’un jour, avec le progrès technique, nous arriverons à de véritables coachings en direct.

Mais pour les autres que nous avons cités, pour autant que vous vous soyez équipés convenablement chez vous, il est possible de vous adonner à votre activité sportive sans devoir prendre la peine de vous rendre dans une salle de sport. Et même, de cette manière, vous pouvez éventuellement vous offrir un coaching individuel plutôt que collectif : rien n’empêche un coach de vous consacrer une séance. Certes, le business model n’est alors plus le même, parce que le coach doit se faire payer. Or, l’avantage d’un coaching collectif, c’est que son coût est moindre que celui pratiqué dans un club. Mais en tout état de cause, tous les arrangements sont possibles.

Arrêtons-nous quand même sur cet aspect des coûts. Le nombre des participants permet à l’offre de pratiquer des coûts très bas, d’autant que les frais fixes sont évidemment beaucoup moindres que ceux d’une salle, surtout celles des grandes villes. Il n’empêche que le nombre de participants en ligne, avec possibilité pour chacun de poser sa question, son problème personnel, réduit forcément la possibilité d’un très grand nombre de participants, même si l’on peut imaginer des cotisations différenciées entre les participants actifs et les participants passifs qui ne peuvent se manifester. Ce qui obligerait à constituer des groupes, en réalité, moins nombreux que ne le permet la technique, donc à pratiquer des coûts plus importants pour que l’activité soit rentable.

Cependant, il n’est pas impossible que l’on voie apparaître, sous ce business model, une forme sournoise d’ubérisation, avec des coachs moins bien rémunérés qu’en salle. C’est un phénomène général, on le sait, et même mondial : l’évolution des outils de production détermine celle de nos rapports sociaux, comme l’a enseigné Marx, et cette évolution là pourrait bien accentuer la prolétarisation des coaches.

Alors cette catégorie de coach deviendrait comme le métier qui lui a donné son nom : le modeste cocher du fiacre… Mais, comme disait Kipling, ceci est encore une autre histoire…

 

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D’où nous vient la Saint Valentin ?

D'où vient la saint valentin

 

 

Nous approchons de la fête de la Saint Valentin, à la mi-février, et la question se pose à bon nombre de nos étudiants, qui pour la plupart sont jeunes et pleins de fougue, de savoir d’où vient cette tradition d’une fête des amoureux.

La Saint valentin, une tradition très ancienne

Eh bien elle est très ancienne, et comme la majorité de nos traditions, résulte d’un mélange entre notre héritage gréco-romain – en l’occurrence, ici, seulement romain – et l’imprégnation du christianisme.

On sait que la légende veut qu’au VIIIe siècle avant notre ère, deux frères, Romulus et Rémus, aient été nourris par une louve. C’est donc grâce à cette protection que Rome pourra être fondée plus tard par Romulus. A Rome donc, où l’année commençait non pas en janvier comme aujourd’hui mais le 1 er mars, on fêtait le 15 février les lupercales, du mot « lupus », le loup, et « arcere », écarter : le mot ainsi forgé est lourd de sens, il signifie que c’est une louve qui a protégé les enfants contre les loups. Il en est de même de la sexualité, qui est louve quand elle est prédatrice, mais qui est lupercale quand elle est encadrée pour produire une naissance.

Chaque mi-février donc, à Rome, des jeunes gens déguisés en faunes, vêtus d’un pagne de bouc, arpentaient les rues en riant et fouettaient gentiment les femmes qu’ils rencontraient avec des lanières d’un bouc qui venait d’être sacrifié par un prêtre luperque, toujours issu des plus anciennes familles fondatrices de la ville. Les épouses qui souhaitaient attendre un enfant se prêtaient de bonne grâce à ce jeu.

Paradoxalement, c’est un empereur persécuteur de chrétiens, Claude II, qui le premier, anticipa malgré lui un rapprochement avec le travail d’évangélisation populaire de l’Eglise. En effet, le 14 février 269, il fit décapiter Valentin, évêque de Terni dans le sud de l’Ombrie, région voisine du Latium, accusé d’encourager de trop nombreux mariages, qui en tant que tels diminuaient le nombre d’hommes célibataires disponibles pour le service légionnaire. A- t-il intentionnellement choisi cette date pour décourager les entreprises amoureuses des hommes jeunes ? Difficile de le savoir.

La fête des lupercales

Le temps passa. Rome devint chrétienne en 392, l’Empire se scinda en deux en 395, la Rome d’Occident s’effondra en 476, laissant l’évêque de Rome, chef de l’Eglise – les chrétiens d’orient ne le contestaient pas encore – seule autorité de la Ville suffisamment légitime pour devoir veiller à l’ordre public et à la régulation des mœurs. C’est dans cet esprit qu’en 494, le pape Gélase décida d’interdire la fête des lupercales aux chrétiens qui, par tradition, par habitude romaine, s’y livraient encore. On sait que l’Eglise, qui reconnaît des semences du Verbe, ou des vérités évangéliques partielles, dans les religions païennes, a superposé les fêtes chrétiennes sur des fêtes païennes, comme elle a souvent édifié des lieux de culte sur d’anciens temples, comme à Notre-Dame de Paris, par exemple. C’est dans ce même esprit qu’elle a profité de ce que le 14 février était bien la date anniversaire du martyre de Valentin pour évoquer une fête des amoureux.

Naturellement, cette fête n’entrant pas dans la liturgie, il lui fallut beaucoup de temps pour se répandre hors de Rome en tant que fête traditionnelle, dénuée de sens religieux à proprement parler ; d’ailleurs ce n’est que mille ans plus tard que le pape Alexandre VI l’institua officieusement « fête des amoureux ».

Une fête « commerciale »

Aujourd’hui, le marketing s’en mêlant, on encourage les couples qui s’aiment à s’offrir des cadeaux, un dîner au restaurant, quelque chose en tout cas qui exprime l’amour durable, donc fécond, l’amour « lupercal », qui protège des loups, des prédateurs. Ainsi a perduré cette tradition vieille de 2.700 ans.

 

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La retraite, un horizon introuvable ?

retraite

 

Comment réformer nos régimes de retraite pour répondre aux défis de l’avenir ?

Pour se faire une idée des difficultés qui attendent la société française, il convient de rappeler quelques chiffres. Car notre système par répartition n’est viable que pour autant que la démographie demeure saine. Un cotisant aujourd’hui ne cotise pas pour lui-même mais pour payer la retraite de celui qui vit en ce moment même à la retraite. Dans les années Soixante, environ Trois cotisants et demi payaient un retraité, lequel vivait en moyenne entre deux et cinq ans au-delà de son départ à la retraite, généralement fixé à l’époque à 65 ans.

Mais aujourd’hui, seulement Un homme et demi payent la retraite du retraité qui désormais a une espérance de vie de 20 ans après son départ. Nous vivons plus longtemps, c’est bien, mais
le poids des vieux s’alourdit toujours plus, dans un pays où les générations ne se renouvellent plus comme avant.

Alors, y a-t-il une solution ? Non, il n’y en a pas, du moins n’y en a-t-il aucune qui soit idéale. Certes, on peut reculer l’âge de la retraite, qui d’ailleurs en France est moins élevé que la moyenne européenne ; c’est probablement indispensable mais ce sera un cautère sur une jambe de bois, d’autant que l’on prévoit à l’horizon 2050 une espérance de vie encore allongée de dix ans supplémentaires : trente ans de vie à la retraite, contre entre deux et cinq ans dans les années Soixante où la natalité était dynamique : dans quelque direction que l’on se tourne, le problème reste entier.

Certains préconisent d’améliorer le système par répartition par un système par capitalisation. Ce n’est pas bête en effet, à condition que la monnaie dans laquelle cette capitalisation ne soit pas soumise à une érosion au fil des années, ce qui est bien le cas de l’euro, dont le pouvoir d’achat ne cesse de baisser. D’autre part, cette capitalisation n’est jamais à l’abri des tempêtes financières qui surviennent régulièrement dans notre économie où la spéculation boursière dépasse de trop haut la richesse réellement produite. Sans même parler des escroqueries comme celle de Madoff ou plus récemment de Bankman qui ont réduit à rien les fonds de pension de milliers d’épargnants, mais encore ce phénomène reste-t-il, somme toute, marginal.

L’essentiel est de savoir que, dans ce domaine, on en revient à l’enseignement de Jean Bodin, le grand économiste angevin du XVIe siècle : « Il n’est de richesse que d’hommes ». Dans un système de retraite comme le nôtre, par répartition, moins d’hommes égalent moins de richesse. Nous ne sortirons pas de cette impasse, quelles que puissent être les innovations concertées entre les syndicats et le Gouvernement ; mais, dans le débat politique qui risque bien de monter en température à ce propos en janvier prochain, il n’est peut-être pas nécessaire de s’en rendre compte, puisque, ainsi que nous le savons, la politique est d’abord et avant tout le royaume de l’imaginaire.

 

Sources :

Réforme des retraites : les points déjà tranchés et ceux qui sont encore en discussion

Réforme des retraites : qui sera concerné ? Ce qui vous attend en 2023

La Journée des talents du 16 novembre 2022

journée des talents ESMA

 

Le mercredi 16 novembre dernier a été consacré à la première Journée des talents de notre année scolaire 2022-2023, premier événement d’un cycle comptant trois journées tout au long de l’année. Trois interventions ont eu lieu, les deux premières du matin se complétaient, et celle de l’après-midi était spécifique, plus immédiatement pratique au service de chaque étudiant présent.

Culture d’entreprise et pressions du marché

M. Moracchini, professeur de géopolitique et d’économie, a offert à son auditoire un brillant exposé consacré à un face-à-face permanent entre la culture de l’entreprise en général et la pression du marché.

On sait que le marché est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande, tandis que l’entreprise est l’organisation qui régit la quasi-totalité de la vie moderne. Notre existence en effet est en grande partie portée par l’entreprise, seule capable d’assurer la satisfaction de nos besoins et de nos désirs.

Il se trouve que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, les deux logiques, celle du marché et celle de l’entreprise, ne se confondent pas, bien au contraire. L’entreprise ne peut pas être libérale comme peut être le marché. Elle a besoin d’organisation, de management, et l’on sait bien que dans l’histoire passée, l’expérience de l’autogestion s’est révélée décevante. Autrement dit, on ne peut pas trouver dans l’entreprise la même horizontalité que l’on trouve dans la loi de l’offre et de la demande, où l’équilibre est la règle, mais un équilibre fait d’égalité entre les deux pôles.

Ainsi, toute extension du domaine de l’un provoque une réduction du domaine de l’autre. En revanche, seul le mariage de l’entreprise avec le marché lui permet d’être efficace. Après cela, votre serviteur a posé la question de savoir dans quelle mesure l’entreprise peut être le lieu de l’épanouissement de l’homme. Sans nul doute, elle est un facteur d’intégration de l’individu dans le corps social en lui donnant une identité professionnelle qui participe à son identité sociale : voici que passe le facteur, voici le directeur de achats, voici le professeur, etc. mais elle peut être aussi un facteur d’aliénation en servant d’outil d’exploitation de l’homme par l’homme. En somme, elle est comme la cité elle-même, qui est comme la langue d’Esope, la meilleure et la pire des choses. D’où la nécessité de l’encadrer par la loi. Mais pour cela, il faut également poser des questions institutionnelles, pour protéger l’Etat lui-même du pouvoir oligarchique de l’argent.

Debriefing des grilles Innermetrix

L’après-midi a été consacrée à l’Entreprise et ses talents. L’Ecole avait invité M. Lebœuf, spécialiste en création d’entreprise et coaching, mais invité ici comme spécialiste certifié du test Innermetrix, une procédure psychométrique permettant aux étudiants comme aux collaborateurs d’entreprise – dans notre Ecole, ce sont les mêmes, puisqu’ils sont en alternance – de mieux se connaître en mesurant le rapport entre leurs différentes valeurs et prédispositions, mais aussi entre les différentes qualités réclamées par l’entreprise, ce qui suppose une capacité d’adaptation du sujet entre son naturel et son adapté. M. Lebœuf a donc fait un debriefing des grilles d’Innermetrix renseignées quelques jours plus tôt par les étudiants présents. Il s’agissait d’appréhender les compétences transversales, les modes de comportement, les leviers de motivation et les schémas de pensée pour la prise de décision.

Une belle journée riche d’enseignements aussi bien théoriques que pratiques, à l’instar des différents cursus proposés par notre Ecole, spécialiste reconnue de l’alternance.

 

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Rentrée décalée de Janvier

 

La désillusion de la rentrée : une réorientation envisagée

Il est parfaitement naturel qu’un étudiant en recherche de son bon positionnement puisse s’engager malgré lui dans une voie dont il découvre, rapidement mais tout de même après avoir fait sa rentrée, qu’elle n’est pas celle qui lui convient. Il n’y a pas à culpabiliser là-dessus, c’est normal, les offres de formation sont tellement variées que le jeune s’y perd quelquefois. Ce qui serait cruel, ce serait de condamner ces étudiants – qui, avec la meilleure intention du monde, se sont mal orientés au moment de la rentrée classique – à devoir supporter de perdre une année académique tout entière en attendant de mieux s’orienter l’année suivante.

Notre solution : la rentrée de janvier

C’est la raison pour laquelle nous leur offrons la possibilité de concourir en janvier. Ainsi n’auront-ils perdu qu’un trimestre. A nous de leur proposer, dans les premiers temps de leur formation en alternance, un parcours académique plus intensif ou plus long, c’est-à-dire s’achevant non pas en été, mais en automne, qui leur permettra de rattraper leur retard et de bénéficier au bout du compte de la même qualité de formation que celle dont ont bénéficié leurs camarades entrés en octobre. Il ne s’agit donc en aucun cas d’un parcours diminué, donc dévalorisé : nous avons prévu de l’aménager en fonction des circonstances, de sorte qu’il reçoive les mêmes garanties de qualité que le parcours classique démarré en octobre. Alors, oubliez vite votre erreur d’aiguillage, ne restez pas sur ce que vous avez regardé comme un échec, n’hésitez pas à retomber sur vos pieds en vous inscrivant au concours de janvier. Bienvenue dans notre école de toutes les chances !

Plus d’informations sur notre rentrée de janvier

Vous souhaitez vous réorienter ? La rentrée d’octobre était trop proche pour vous ? Vous avez commencé un cursus qui ne correspond pas à vos attentes ? Grâce à la rentrée décalée des écoles ESM-A, ESCI, ISEAM et ISEADD, intégrez la plupart de nos programmes sans perdre votre année tout en étant en alternance. rentree-janvier-670x320

En pratique :

De janvier à février 2023, vous aurez un programme intensif de remise à niveau : le rythme habituel de votre alternance sera inversé, soit 3 jours en cours et 2 jours en entreprise. Ainsi vous pourrez rattraper les cours du premier trimestre tout en assistant aux cours du second trimestre classique. A partir de mars 2023, vous revenez dans le parcours de l’alternance classique avec 3 jours en entreprise et 2 jours en cours. Vous pourrez donc obtenir votre diplôme en même temps que les étudiants rentrés en Octobre !

Admissions :

Comme pour la rentrée d’octobre, les admissions se font sur concours. Pour plus de renseignements, voir notre rubrique Admissions. Vous pouvez candidater avec ou sans entreprise. Notre Département Entreprises vous prendra en charge.

La compétence managériale

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Qu’est ce que la compétence managériale ?

Le management des compétences consiste, entre autres choses, à repérer dans la structure dont vous avez la charge les capacités des uns et des autres pour assumer une fonction, parfois au-delà de ce qui était prévu. Il est bien connu qu’un collaborateur à qui l’on confie une mission de confiance – ce qui n’exclut pas le contrôle – remplit mieux sa fonction, tout simplement parce que vous lui donnez une occasion de s’épanouir dans son travail, de sorte que son progrès professionnel rejaillit sur son bien-être personnel.

 

Laurence Peter et la compétence managériale

Dans ce contexte, le pédagogue canadien Laurence Peter fit connaître en 1969 son fameux Principe de Peter, qui se résume à ceci : tout acteur d’une entreprise ou de n’importe quelle autre organisation est appelé à atteindre son niveau d’incompétence. C’est-à-dire qu’il connaîtra des promotions successives, jusqu’à occuper un poste dont la charge le dépasse.

Arrivé à ce stade, personne n’ose s’en débarrasser, parce que cela reviendrait à se déjuger. On préfère donc le promouvoir à un autre poste, jugé plus prestigieux encore, mais en réalité dépourvu d’importance. Pour ne donner qu’un exemple, quand durant la Grande guerre, le général Joffre ne parvient plus à tenir les rênes d’une confrontation dont la complexité a fini par lui échapper, on le nomme alors maréchal et on l’envoie en tournée de propagande aux Etats-Unis. Peter a forgé une maxime latine pour pérenniser son principe : promoveatur ut amoveatur : qu’il soit promu afin qu’il soit déplacé (entre parenthèses : vers un poste inconsistant).

 

Les raisons du seuil de l’incompétence

Il peut y avoir plusieurs raisons à ce seuil de l’incompétence, l’une des plus courantes est l’évolution des savoir-faire qui finit par déborder le titulaire du poste. Autant dire qu’une formation poussée est la seule arme disponible pour prévenir cette situation.

La meilleure preuve en est la situation actuelle des élites dirigeantes. La baisse du niveau scolaire barre la route à des individus qui, jadis, fussent devenus créatifs en plus grand nombre, donc eussent participé activement au progrès général. Il faut prévoir un avenir rempli de défis, surtout dans un monde où la concurrence est plus rude que jamais. Un miroir de cet état collectif se reconnaît chez les dirigeants politiques, dont, selon l’avis unanime et toutes tendances confondues, le niveau intellectuel ou au moins académique a chuté, à l’image de la population qui les désigne et qui, pour ne parler que de la France, est tombée à 98, quand l’Extrême-Orient affiche encore des scores de 108 à Hong-Kong, 105 au Japon. Sans surprise, c’est en Italie, cœur historique de l’Occident, que la chute est la moins violente, à 102. De fait, par le truchement des promotions démocratiques, le peuple faisant office de « hiérarque », pour reprendre la terminologie de Peter, ce sont des hommes qui lui ressemblent qui sont désignés. Il n’y a pas d’îlot protégé dans une société, même en tenant compte des écoles réservées à l’élite.

Autant dire que la formation est la solution. Nombre de nos étudiants rejoignent nos écoles dans cet esprit pour y vivre leur alternance, bien conscients que le savoir-faire – qui certes n’est pas la seule qualité, il y a aussi le savoir-être – mais le savoir-faire est la base de la compétence managériale.

 

Sources :

• https://www.notre-planete.info/actualites/91-baisse-QI-Europe

• https://www.chosesasavoir.com/quest-ce-que-le-principe-de-peter

 

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