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Comprendre la querelle entre Cambodge et Thaïlande

Comprendre la querelle entre Cambodge et Thaïlande

by Yves-Marie Debois Brunet

Pourquoi enseigner la politique en école de management ?

Toutes les écoles de management, par-delà les spécialités qui y sont étudiées –
marketing, gestion, ressources humaines, développement durable, santé ou autres – toutes
prévoient dans leur tronc commun des cours touchant les idées politiques, que ce soit leur
histoire ou leur science. Paradoxalement, pourrait-on dire, ce ne sont pas les instituts d’études
politiques
qui les dispensent : on y enseigne l’administration des hommes, mais pas leur
management.

Pourquoi, donc, l’enseigne-t-on dans nos écoles ? Pour mieux comprendre le monde, les
événements, les arrière-pensées, les toiles de fond. C’est le cas, ces jours-ci, de la querelle armée
qui oppose la Thaïlande au Cambodge à propos d’un territoire frontalier.

Quand l’histoire coloniale explique les tensions actuelles

Les journalistes, qui n’ont pas été formés dans nos écoles de management, se contentent de dire
que l’origine de cette querelle vient d’un tracé de frontière dessiné par la France quand elle s’est
installée en « Indochine », un ensemble de plusieurs royaumes aujourd’hui répartis en trois États :
Cambodge, Laos et Vietnam. Et de se contenter de rappeler le temps des colonies européennes,
aujourd’hui décrié en Europe même, ce qui permet de sous-entendre que, s’il y a un litige frontalier,
c’est à cause de la France.

Or, les choses sont plus compliquées que cela. D’abord, ce n’est pas seulement la France, mais aussi
la Grande-Bretagne, alors présente dans son vaste empire des Indes, qui ont imposé à la
Thaïlande (jadis le Siam) des frontières qu’elle aurait voulu plus étirées : à l’est, c’était la France,
mais à l’ouest, la Grande-Bretagne a rogné sur la péninsule de Malaisie, au profit de la future
Birmanie, mais que le Siam aurait voulu annexer pour lui tout seul.

La longue durée des conflits territoriaux

Et ceci nous fait comprendre un phénomène de science politique que beaucoup ignorent. La plupart
des commentateurs imaginent qu’un empirecolonial ou autre – ne peut être que le fruit d’une
conquête. On pense à Alexandre s’emparant de l’Empire perse, à César conquérant les Gaules, à
Gengis Khan l’Asie etc. Mais l’impérialisme peut être également le fruit d’un accord de protection à la
demande d’une puissance faible menacée par un voisin fort. On pense à Marseille, cité grecque
appelant Rome à son aide pour la sauver des Celto-Ligures ; à la Hongrie se jetant dans les bras des
Habsbourg pour échapper aux mâchoires de l’Empire ottoman ; au Tonkin réclamant la protection de la
France
contre les appétits de la Chine ; et ici, au Cambodge – mais aussi le Laos – qui appellent au
secours contre l’expansionnisme du Siam.

En vérité, sans l’intervention française, le destin du Cambodge était de se dissoudre dans le
royaume du Siam, pour une raison simple : leurs histoires, leurs cultures sont mélangées. La plus
ancienne est la cambodgienne : à l’origine, l’Empire khmer, depuis sa capitale Angkor, englobait le
Siam, un peu comme les Mèdes dominaient les Perses.

Ce n’est vraiment qu’au XIIe siècle que les tribus thaïs commencèrent à secouer la tutelle khmère,
avec l’apparition au siècle suivant du royaume de Sukhothaï. Puis, peu à peu, mais plus lentement que
dans le renversement du rapport des forces entre Mèdes et Perses, les Thaïs ont gagné en puissance,
au point de vassaliser les royaumes voisins, dont le Cambodge.

Ce sont l’Angleterre et la France qui, à partir du XIXe siècle, ont rendu leur liberté à ces pays, en
leur offrant leur protection. Ce qui impressionne ici, c’est qu’après soixante-dix ans d’indépendance de
ces protectorats, il semble que certains litiges territoriaux ne soient pas tous réglés : c’est une
illustration du fait que l’histoire, et aussi les mentalités, s’inscrivent sur une longue durée excédant
la durée de vie d’un seul homme, a fortiori la chronique aussi fébrile qu’éphémère d’un
commentateur de presse.

L’entreprise n’est pas un produit financier

Écoutez - "L'entreprise n'est pas un produit financier"

by par Yves-Marie Debois Brunet

L’entreprise n’est pas un produit financier

Une formation généraliste… sans confusion des genres

Dans notre école, on vous offre plusieurs formations, principalement le marketing, la gestion financière et les ressources humaines, en insistant bien sur le fait que, s’il est vrai que l’on vous destine à être de bons généralistes, il convient de ne pas mélanger les genres, et de bien prendre conscience de la différence entre eux.

Car c’est d’avoir mélangé les genres qui a conduit à la catastrophe du groupe Casino, naguère encore l’une des plus grandes enseignes mondiales de la distribution, avec 15.000 magasins disséminés dans sept pays et un chiffre d’affaires de plus de 48 milliards d’euros, mais aujourd’hui réduite à peu de chose, et dont l’action ne vaut plus que quelques centimes, contre 110 euros il y a dix ans. Comment en est-on arrivé là ?

 

Le cas Casino : une success story devenue piège financier

Rappelons d’abord brièvement l’épopée de Casino. Ce magasin est né à Saint-Etienne en 1898, dans une ancienne salle de casino achetée par Geoffroy Guichard, ce qui explique un nom qui a pu vous étonner de la part d’une enseigne. Pour continuer un peu dans l’anecdote, le logo écrit en lettres vertes a donné sa couleur à l’équipe de football de la ville, qui au milieu des années 70 a été la vedette du pays. La marque a ensuite acheté Franprix et Leaderprice en 1997, et d’autres encore, dont Géant, sans compter le commerce en ligne avec C-Discount. Bref, une success story qui a fini par susciter l’intérêt de Jean-Charles Naouri, formé à la finance à Harvard, puis élève de l’ENA avant d’être appelé à diriger le cabinet de Pierre Bérégovoy au ministère des Finances, puis bien décidé à voler de ses propres ailes.

Son idée est simple, et elle est imprégnée de la mentalité de l’époque qui a précédé la crise de 2008, dans un contexte de financiarisation extrême de l’économie. En 1991, il achète la marque Rallye, alors en difficulté, et s’appuie sur cette marque pour acquérir ensuite Casino, mais surtout pour construire une pyramide dont le sommet est un fonds d’investissement, Euris, puis à l’étage au-dessous, Finatis, puis encore en-dessous Foncière Euris, enfin Rallye, et à sa base, devant produire de l’argent frais, Casino. Chacune de ses acquisitions a été réussie avec peu de fonds, les autres structures devant rembourser les emprunts.

 

Une pyramide de dettes révélatrice d’un système malade

Vous aurez remarqué que j’ai parlé de ce montage non pas comme d’une tour, mais comme d’une pyramide. Car en effet, elle ressemble, à sa manière, à celle de Ponzi, consistant à prendre à Pierre pour donner à Paul, même si la comparaison n’est pas tout à fait juste, car le système de Ponzi, lui, fonctionne en circuit fermé. En l’occurrence, ici, le système peut fonctionner, à condition que l’activité générale génère suffisamment d’argent pour entretenir… mais entretenir quoi, au juste? Entretenir la dette.

Il y a dix ans, celle-ci approchait les 6 milliards, mais les créanciers comme les actionnaires mettaient cela sur le seul compte de l’investissement, supposé vertueux et rentable à terme. Or, en réalité, les dettes qui s’accumulaient ne reposaient que sur les bénéfices de Casino. À la limite, si personne ne s’en était rendu compte, il n’y avait plus qu’à espérer que Casino maintiendrait ses performances, encore que l’endettement croissant eût probablement dépassé sa capacité à l’amortir. Mais du jour où des agences de notation ont révélé le risque, les banques ont resserré les crédits, et l’ensemble est apparu pour ce qu’il était devenu : une pyramide de Ponzi.

Ce qui n’avait été qu’une prise de risque au départ était devenu une arnaque pure et simple. Mais entre les deux, il y avait une confusion des genres qui est la marque même de la financiarisation de l’économie, souvent un euphorisant, toujours une maladie.

L’Effet Dunning-Kruger

Comprendre l’effet Dunning-Kruger

Dans l’art de manager des équipes, le cadre doit savoir tenir compte, non pas seulement des compétences, mais aussi de la psychologie de ses collaborateurs. Or, aujourd’hui, notre société est parcourue dans tous les sens par des flux d’information qui parfois réussissent à submerger certains esprits, dont on ne sait pas toujours s’ils sont fragiles par nature, ou bien s’ils ont été impactés au mauvais endroit et au mauvais moment ; le contraire de la situation du right man in the right place que recherche toujours le recruteur puis l’animateur du groupe.

C’est en tenant compte de cette complexité que deux psychologues américains, le professeur David Dunning et son assistant Justin Kruger, ont essayé de dégager une sorte de loi que l’on appelle aujourd’hui « l’effet Dunning-Kruger ».

En apparence, leur domaine de recherche n’avait rien d’original. Tout le monde ne le sait pas, bien sûr, mais les savants, ou les spécialistes, ou les techniciens, ou les professionnels aguerris, peu importe le nom qu’on leur donnera, savent que lorsque l’on est trop ignorant, on manque de bases solides pour découvrir qu’on ne sait rien.

L’ignorance sûre d’elle-même

Il en résulte quelquefois, mais pas toujours, cela dépend de la psychologie des uns ou des autres, de leurs sentiments, de leurs complexes ou de leur absence de complexes d’infériorité, il en résulte donc que souvent, moins on en sait, plus on croit en savoir.

Encore une fois, ce n’est pas inévitable : on peut tout ignorer de la cordonnerie et ne pas avoir l’idée saugrenue de prétendre s’y connaître. Mais il peut arriver que quelqu’un manifeste une assurance dérisoire, qui en général n’est qu’une vanité sans conséquence, mais parfois se révèle un terrible handicap.

En 1995, les deux chercheurs ont pu se pencher sur un cas exceptionnel : deux bandits, McArthur Wheeler et Clifton Earl Johnson, avaient attaqué deux banques sans masque, sans foulard, sans rien qui dissimule les traits de leurs visages. Filmés par des caméras de surveillance, ils avaient été donc rapidement appréhendés, et les enquêteurs eurent la surprise de découvrir lors d’un interrogatoire un sentiment d’étonnement : comment se fait-il, avaient dit les deux bandits, que nous ayons été identifiés par les caméras, alors que nous avions enduit nos visages de jus de citron ?

Les policiers leur ayant demandé quel rapport pouvait avoir un jus de citron avec leur forfait, ils avaient répondu avec dédain que tout le monde savait bien que le jus de citron invisibilise l’écriture sur une lettre, selon le principe de l’encre sympathique, et qu’ils avaient logiquement exploité cette propriété naturelle pour leur cambriolage.

Dunning et Kruger étaient tombés sur un cas spectaculaire, que l’on peut juger particulier, mais pas si rare que cela. Il existe une catégorie d’ignorants remplis de certitudes, au point de mépriser celui qui doute, mais qui généralement doute précisément parce qu’il est, lui, un authentique expert. La personne égarée ne voit pas ses erreurs, et croit donc que ce sont les autres qui ne comprennent rien.

Une menace pour le management

Les deux chercheurs ont mis au point un test révélant que les plus mauvais résultats d’un questionnaire sont obtenus par ceux-là mêmes qui étaient les plus certains d’avoir réussi.

Or, il ne faut pas croire que ce phénomène soit cantonné au savoir, à la science, il affecte également le management, car presque toujours, celui qui manifeste le plus de conviction emporte l’adhésion, de sorte qu’une équipe, un groupe, un conseil d’administration, sont tentés de suivre les acteurs qui s’expriment avec assurance plutôt que ceux qui font preuve de compétence.

Les cas historiques abondent, par exemple celui du général Nivelle, convaincu d’avoir raison contre les meilleurs, qui entraîna ses soldats vers une catastrophe militaire, le fameux Chemin des Dames. Mais le cas est également présent dans le monde de l’entreprise, comme le rappelle Jim Collins dans son livre sur les géants qui s’effondrent.

Comprendre la querelle entre Cambodge et Thaïlande

Comprendre la querelle entre Cambodge et Thaïlande by Yves-Marie Debois Brunet...

L’entreprise n’est pas un produit financier

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L’Effet Dunning-Kruger

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Le dopage des mots

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Le classement Eduniversal dévoile les meilleurs Bachelors et Grandes Ecoles de France ! Le Bachelor de l’ESM-A figure à la 22ème place dans le...

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Nous serons présents au Salon Postbac Île-de-France 2024, du Vendredi 12 janvier au samedi 13 janvier, à la Villette. Venez vous renseigner sur nos...

La paupérisation des français

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Le prix de l’essence va-t-il augmenter ?

Une menace relative sur l’augmentation du prix de l’essence

Comme disait le grand Churchill : « la prédiction est un art difficile, surtout quand il s’agit de l’avenir ». Mais tout de même, nous disposons de plusieurs données objectives qui laissent espérer que la guerre israélo-iranienne ne provoquera pas une hausse brutale des cours du pétrole, donc de l’essence à la pompe — autrement dit, l’augmentation du prix de l’essence.

Ce qui fait redouter cette menace, c’est évidemment la position géographique de l’Iran, occupant le flanc nord du golfe Persique, et dont on craint qu’il serait capable de bloquer son entrée, le fameux détroit d’Ormuz. Voyons donc ce que révèlent nos données objectives.

 

Le poids réel de l’Iran sur les marchés pétroliers

D’abord, l’Iran lui-même est certes rempli de pétrole, mais sa commercialisation ne porte que sur 3% des exportations. Sans doute la Révolution islamiste de 1979 a-t-elle provoqué ce qu’on a appelé le Deuxième choc pétrolier des années 70, mais à l’époque, l’Iran pesait pour 12% dans les exportations. Depuis lors, les sources d’approvisionnement se sont diversifiées, et s’il est vrai que le golfe Persique, avec 20% des exportations mondiales, demeure la plus importante, sa proportion dans les échanges a chuté de moitié. Ainsi, même un allongement de la guerre actuelle n’aurait que peu d’effet sur les cours, qui aujourd’hui ne font qu’osciller au-dessus d’une base de 70 ou 75 dollars le baril, le chiffre normal de l’équilibre mondial.

Un blocus du détroit d’Ormuz improbable et risqué

Maintenant, imaginons que, poussé au désespoir, le régime des mollahs, ou des pasdarans si ces derniers les remplacent, décide de s’en prendre au détroit d’Ormuz pour bloquer la route commerciale ?

D’abord, cet acte hostile reviendrait à se mettre à dos, non seulement l’Occident, mais les puissances de l’Extrême-Orient, au premier rang desquelles la Chine, qui vient y acheter 95% de son pétrole. Là encore, le monde a changé depuis 1979, quand la Chine de Mao était sous-développée ; aujourd’hui le Golfe fournit le monde entier. La situation serait donc jugée intenable, et les États-Unis seraient d’autant plus motivés pour intervenir avec la dernière violence, ce qui n’aboutirait qu’à aggraver encore les difficultés de la République islamique.

Ensuite, il n’est même pas certain que le Détroit puisse être efficacement bloqué. Les puissances militairement présentes – États-Unis, Grande-Bretagne et France – ont évidemment imaginé un plan de riposte, avec la collaboration du sultanat d’Oman présent sur la rive sud. Avec seulement 55 kilomètres de large, donc tout de même plus large que le pas de Calais – 30 kilomètres – et beaucoup plus large que le détroit de Gibraltar – 14 kilomètres – l’étroitesse d’Ormuz fait peur, mais il faudrait y échouer une quantité de navires pour construire un barrage ; quant aux moyens proprement militaires, ils se heurteraient à ceux d’en face : non, même techniquement – on n’a jamais essayé, bien sûr – cette opération, par ailleurs suicidaire économiquement, paraît trop difficile.

Comprendre la querelle entre Cambodge et Thaïlande

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L’entreprise n’est pas un produit financier

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L’Effet Dunning-Kruger

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Le prix de l’essence va-t-il augmenter ?

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Le dopage des mots

La science du management enseigne le pouvoir qu’ont les mots pour déformer la réalité.
Pour le comprendre, il suffit de faire une expérience : on montre à des individus cobayes une petite vidéo où l’on voit deux voitures rentrer en collision.
Puis, on leur demande d’estimer la vitesse des voitures au moment de l’impact.
Mais l’on s’y prend de façon subtile, en posant cinq questions différentes à cinq groupes de cobayes. Une expérience faite en laboratoire a donné les résultats suivants :

  • Premier groupe : À quelle vitesse allaient les deux voitures lorsqu’elles se sont touchées ?
    Réponse moyenne : 49 km/h

  • Deuxième groupe : À quelle vitesse allaient les voitures lorsqu’elles se sont rencontrées ?
    Réponse moyenne : 53 km/h

  • Troisième groupe : À quelle vitesse allaient les voitures lorsqu’elles sont entrées en collision ?
    Réponse moyenne : 60 km/h

  • Quatrième groupe : À quelle vitesse allaient les voitures au moment du choc ?
    Réponse moyenne : 63 km/h

  • Cinquième groupe : À quelle vitesse allaient les voitures au moment du crash ?
    Réponse moyenne : 67 km/h

Ainsi, juste en changeant le mot indiquant l’action, les cobayes qui l’ont entendu sont passés de 49 à 67 km/h, soit presque 20 km/h de plus.

Cette expérience montre que le choix d’un mot, d’une tournure de phrase, ou d’un verbe, suffit à influencer les comportements.

Voilà pourquoi il est impératif de maîtriser le pouvoir des mots dans les métiers de la vente, mais aussi – pourquoi pas – dans ceux qui touchent aux ressources humaines ou à la communication interne.

Remplacer les mots faibles (partant de 49 km/h) par des mots forts (allant jusqu’à 67 km/h) revient à projeter des images dans le cerveau des prospects et à susciter des émotions irrationnelles. On appelle ça le dopage des mots.

Ainsi, on s’aperçoit que le marketing n’est pas une simple affaire de choix stratégique et de chiffres de gestion.
Au sein de la règle d’or des 4 P – prix, produit, place et promotion – le choix des mots joue un rôle facilitateur ou, au contraire, répulsif.

Le même raisonnement peut être tenu, bien sûr, dans le domaine des ressources humaines, où la matière première est l’homme au travail.
De fait, la maîtrise du vocabulaire et des concepts fait partie intégrante de votre formation au management.

La situation économique face au monétarisme

https://esm-a.eu/wp-content/uploads/2021/04/podcast-le-monétarisme.mp3 Le rôle de la monnaie Pour...

La paupérisation des français

L’un des indicateurs de la hausse de la pauvreté en France est le nombre grandissant de ses habitants qui, en ce moment, frappent à la porte des associations caritatives...

Trouver son entreprise

https://esm-a.eu/wp-content/uploads/2021/10/podcast-trouver-son-entreprise.mp3 Le séminaire TRE,...

Le marché automobile mondial

https://esm-a.eu/wp-content/uploads/2021/05/podcast-le-marche-automobile-mondial.mp3 Le passé de...

La paupérisation des français

 

L’un des indicateurs de la hausse de la pauvreté en France est le nombre grandissant de ses habitants qui, en ce moment, frappent à la porte des associations caritatives, du type Secours catholique ou Restos du cœur. Quand on observe de près le phénomène, on distingue les pauvres arrivant de régions du monde où la misère est encore plus grande, et un nombre croissant de « nouveaux pauvres » de souche. Le ministre de l’économie a déclaré que leur augmentation est – je cite – « le signe que l’inflation touche très durement beaucoup de nos compatriotes ». Ceci est un constat, mais l’on attend une explication plus complète, qui nous conduirait jusqu’à la sphère des causes, où l’on reconnaît la figure du pompier pyromane.

Entrons dans le détail.

Une cause ancienne aura été la rupture des flux et des stocks, conséquence de la pandémie du coronavirus qui a désorganisé l’économie mondiale. Mais ces conséquences s’estompaient à mesure que l’activité économique retrouvait ses marques : nous sommes donc passés d’une crise mondiale à une crise française, causée moins par un contexte économique que par la conduite d’une politique. Commençons toutefois par les responsabilités collectives.

Une première erreur collective a été celle des banques centrales qui, pour répondre à la crise financière de 2008, ont gonflé la création monétaire au risque de produire une monnaie de singe incapable de retenir l’inflation qui en découle. Deuxième erreur collective : suite à l’intervention de la Russie dans la guerre en Ukraine, nos sanctions se sont retournées contre nous, notamment par le renoncement au gaz de Sibérie qui coûte 30% moins cher que l’américain. Notre ministre de l’économie avait rêvé de mettre l’économie russe à genoux, mais c’est le contraire qui s’est produit, car la richesse est étroitement liée à la consommation d’énergie.

 

Le seuil de pauvreté en baisse chez les français

Mais à ces causes s’ajoutent, et c’est bien plus grave à long terme, des causes uniquement françaises. La baisse continue du niveau scolaire des Français les désarme face à un futur qui fait appel à plus de compétence professionnelle et académique. Les catégories B et C sont logiquement les plus touchées, 15% de la population vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Les délocalisations, motivées par la recherche d’une main-d’œuvre moins coûteuse, ont transformé les Français en consommateurs d’une richesse qu’ils ne produisaient plus eux-mêmes, aveuglés par la doxa de l’avantage comparatif résultant de la division internationale du travail, mais qui n’a pas empêché la Chine et l’Inde d’accéder à une haute technologie désormais concurrente. En outre, en renonçant à maîtriser ses frontières, la France a mis son Etat-providence en péril : un tiers de son PIB est consacré à cet impératif idéologique par le truchement de sa redistribution sociale. « On ne peut pas regonfler un pneu crevé », disait l’économiste Alfred Sauvy : le système ne pourra survivre que si l’on y colle une rustine.

 

seuil de pauvreté

 

Enfin, les dépenses excessives consacrées à la transition énergétique, qui entravent les investissements réellement productifs, creusent encore les déficits, poussent l’inflation à la hausse, donc augmentent le nombre de pauvres. Pour en sortir, la République fait porter par sa population le plus fort taux d’imposition au monde. Or, passé un certain seuil, plus on gagne, moins on paye, grâce à la défiscalisation légale ou illégale. Face aux plus riches avec lesquels l’élite politique a partie liée, l’Etat est trop faible pour agir. Au moins pourrait-il envisager de faire croître la richesse qu’il redistribue : on en est trop loin, la désertification des soins médicaux, la faiblesse ou l’absence des revenus, la précarité des logements, l’insécurité physique, la fracture numérique sont autant de signes d’une crise qui s’est manifestée naguère avec la révolte des gilets jaunes, une foule sans armes que le régime a pu mater. Néanmoins, mater une population ne met pas fin à son appauvrissement.

 

Sources:

Les principaux indicateurs de conjoncture économique

La pauvreté et les inégalités s’accentuent en France, selon INSEE

A quels niveaux se situe les seuils de pauvretés en France ?

 

 

Le management est-il nazi ?

management

 

Monsieur Chapoutot, professeur d’histoire à la Sorbonne, est l’auteur d’une thèse hardie sur les supposées racines national-socialistes du management. Son travail, intitulé Libres d’obéir : le management, du nazisme à aujourd’hui, a fait l’objet d’une publicité bienveillante, dans des milieux où la rigueur scientifique n’est pas nécessaire, mais où l’imaginaire est propice aux engouements naïfs de toutes sortes.

Résumons cette thèse. Le régime nazi, enseigne l’auteur à ses étudiants de la Sorbonne, s’est occupé de rationaliser la menschen führung, la direction des hommes. Pour obtenir beaucoup de la force productive (aujourd’hui appelée ressource humaine, une expression que l’auteur juge affreuse, pourquoi pas en effet, parce qu’elle assimile le travailleur aux autres ressources comme celles des mines, des gisements, des réserves halieutiques ou de gibier), il faut une organisation du travail qui ne soit pas verticale – nous dirions aujourd’hui patriarcale, mais au sens scientifique de ce terme – mais plutôt horizontale, faisant appel à la participation consentie de chacun. Or, ce que Chapoutot ignore, c’est que ce modèle n’est qu’une variante de la « fabrique du consentement » théorisée aux Etats-Unis à la même époque, entre autres par Edouard Bernays – lui-même issu d’une famille germanique, de surcroît juif – et donc n’a rien de spécifique au nazisme lui-même, puisque la suscitation de l’adhésion collective y était au contraire regardée comme une nécessité managériale engendrée par le système démocratique où l’on n’impose rien au peuple, mais où l’on peut le manipuler pour fabriquer son consentement.

Chapoutot s’attarde sur le cas de Reinhard Höhn, professeur de Droit à Berlin puis à Iéna, adhérent du parti nazi dès l’accession d’Hitler au pouvoir. Entré dans la SS en 1934, il y gravit rapidement les grades militants jusqu’à devenir un général SS, lui qui n’a jamais pratiqué le métier des armes ; un général d’opérette donc, un opéra sanglant sans doute mais des galons d’opérette tout de même, la SS n’étant pas l’armée à proprement parler, et lui-même n’ayant jamais combattu. Les médias à sensation parlent d’un « général SS devenu professeur », alors que c’est plutôt un professeur bombardé général par extravagance du militantisme nazi, comme on pourrait parler inversement d’un militant hissé au grade de docteur. Chapoutot enseigne que le principe de management selon Höhn est la délégation de responsabilité, consistant à confier une mission au subordonné : celui-ci dispose donc d’une certaine autonomie dans le choix des moyens à mettre en œuvre. En contrepartie de cette autonomie de décision de l’acteur sur le terrain, celui qui se trompe doit en assumer les conséquences : la culpabilité de l’échec ne revient donc pas au donneur d’ordre, mais à son exécutant. Il y a sans doute quelque chose de discutable dans cette manière de commander, mais encore une fois, pourquoi l’attribuer au nazisme ? Ceci n’est pas nouveau en Allemagne, c’est une méthode héritée des principes prussiens de la guerre, où l’acteur le plus proche de l’action menée dispose d’une liberté certaine dans la prise de décision – sans doute un héritage des chevaliers teutoniques fondateurs de la Prusse. C’est donc une invention prussienne, et avec la sujétion de toute l’Allemagne à la Prusse à partir de 1871, c’est devenu allemand en général.

Le IIIe Reich, gouvernant une société aussi moderne que l’Amérique à la même époque, croit en un décuplement de force par la joie (Krafft durch freude) : il réfléchit à l’ergonomie, l’hygiène au travail, l’aération des lieux de production, l’éclairage, l’esthétique de ces lieux, les loisirs, les congés payés ; il organise des sorties d’entreprise, des randonnées, des croisières, tout ce qui revient au comité d’entreprise. Il s’agit de motiver, de régénérer le travailleur exténué par sa tâche, donc, effectivement, de mieux le rentabiliser. Après la guerre, Höhn ouvrit une école de management à Bad-Harzburg, dans l’ancien duché de Brunswig en Basse-Saxe. Il rédigea des ouvrages de management devenus des classiques, mais qui ne faisaient que concurrencer le modèle américain. Ce qui est vrai, c’est que son école a été la pépinière des cadres allemands de l’après-guerre, et que les principes de management qu’il avait professés auparavant ont été perpétués.

Ce qui est encore vrai, dans la thèse de Chapoutot – à défaut d’être nouveau – c’est la possibilité qu’offre le management moderne de manipuler les acteurs par la dynamique des groupes. Mais Edouard Bernays et ses successeurs ont démontré que la démocratie est un système bien plus efficace pour fabriquer le consentement. Il semble donc que Chapoutot soit victime d’un effet loupe produit par le mauvais souvenir que l’Allemagne hitlérienne a laissé à l’Europe, comme si l’Allemagne moderne avait été inventée par le IIIe Reich, et donc,  comme si tout ce qui a été inventé en Allemagne devait être marqué du sceau de l’infamie. Il se trouve que l’Allemagne a été la mère du XXe siècle par la qualité de ses scientifiques et, jusqu’en 1945, souvent en avance sur ses concurrentes : on pense à la chimie, la physique, l’aéronautique… Le IIIe Reich n’a rien créé de tout cela, au contraire, le régime d’oppression nazi, comme tout régime d’oppression, a contribué à faire tomber l’Allemagne de son piédestal scientifique : la même chose est arrivée à la Russie devenue communiste. On peut ne pas aimer le management moderne, c’est un droit, on peut lui préférer la gestion paternaliste dans la France d’autrefois, c’est aussi un droit, ce peut être un sentiment, une préférence ; mais la reductio ad hitlerum, si elle est une pratique à la mode, trahit chez ce docteur en histoire un manque de rigueur auquel malheureusement, l’université française nous a habitués, ce pourquoi, précisément, tant d’étudiants lui préfèrent l’enseignement réaliste dispensé dans nos écoles.

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Le rôle de la règle dans l’entreprise

 

Dans une entreprise – comme dans toute communauté d’ailleurs – il existe des règles destinées au bon fonctionnement de l’ensemble. Nous disons bien : des règles, pas des principes, car des principes, on en a ou en n’en a pas, cela dépend de la culture, voire de la liberté de chacun ; tandis que seule la règle est capable de s’imposer à tous.

Les règles primordiales dans l’entreprise

Encore faut-il, naturellement, que l’on perçoive en amont de toute règle une réalité disposant qu’il existe une culture d’entreprise en général, donc des règles primordiales sans lesquelles une entreprise ne peut pas tenir debout. Donnons un exemple : l’entreprise est destinée à produire de la richesse, au minimum de quoi permettre à ceux qui y travaillent de vivre du produit de leur activité. Cela vaut pour toute entreprise, sans quoi elle vivrait aux dépens d’une autre richesse non produite par elle-même, tant que son activité serait déficitaire. Par parenthèse, ce que nous disons aujourd’hui vaut pour l’entreprise au sens plein du terme, celui de l’activité économique, mais naturellement nous savons qu’il existe des établissements qui, compte tenu de leur secteur d’activité, ne dépendent pas de la recherche du profit, tout en se conformant aux règles générales du fonctionnement. C’est le cas des services publics, qui peuvent se permettre, du moins tant qu’un consensus y consent, de ne produire que du déficit, mais pour le bien commun, en l’occurrence l’administration collective dont la raison d’être est de faciliter nos relations, de les harmoniser parfois, ou de répartir les fruits de l’activité économique.

règles entreprise

Ces règles générales de l’entreprise peuvent faire l’objet d’une réflexion en amont : il fut un temps, par exemple, où certains espéraient pouvoir soumettre une entreprise à un régime d’autogestion. Intervenaient alors, dans l’activité économique, des principes extérieurs, empruntés à la politique : la démocratie, l’égalitarisme que l’on voulait transposer du domaine de la loi et de la citoyenneté à celui de la production. L’expérience a été tentée dans certains pays, généralement exposés à un régime apparenté au socialisme, la Yougoslavie, ou l’Algérie, ou le Chili de Salvador Allende. Ces expériences faisant disparaître toute distinction entre dirigeants et dirigés ont pu exalter l’imaginaire, mais n’ont pas été concluantes dans la réalité économique vécue. Entre autres faiblesses, on a relevé que ce type d’organisation recherche spontanément l’équilibre immobile de ses membres pour protéger les revenus de chacun, faisant fi des aléas de l’environnement économique, comme la pression des prix par exemple. Un tropisme malthusien qui prive l’entreprise de toute possibilité d’adaptation de la force de travail à la courbe des prix.

Les règles particulières à chaque entreprise

Pour être cohérente avec les lois économiques, l’entreprise a donc besoin de se conformer à la règle générale de son fonctionnement. Mais au-delà de ce minimum, elle ajoute souvent des règles particulières, selon le secteur de son activité. Par exemple, le port d’une combinaison spéciale dans les usines chimiques, ou d’un couvre-chef dans le bâtiment, ou le traitement de certaines ressources alimentaires comme la viande : on pourrait citer de multiples exemples. L’entreprise, alors, adopte un règlement intérieur spécifique. En tout état de cause, la règle est l’épine dorsale de l’activité, et celui qui transgresse le règlement intérieur se met toujours en tort, parce qu’ici, l’individu se donne à lui-même licence de nuire à ses semblables.

 

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Le Sport en ligne 

 

En milieu urbain, compte tenu de l’intensité du travail et du temps de transport, beaucoup hésitent à se rendre dans les salles de sport individuelles pour entretenir leur forme, surtout quand ils ne sont pas célibataires : souvent, ils paient un abonnement sans pouvoir en profiter pleinement. Le développement technique leur permet aujourd’hui de remplacer la salle par des séances en ligne sur internet.

Il peut paraître paradoxal d’envisager de faire du sport individuel, non pas en salle, mais en ligne. Et pourtant, nous assistons à une montée en puissance de ce modèle, qui est aussi, vous l’aurez compris, un business model – nous y reviendrons. D’ailleurs, il n’est pas tout à fait nouveau pour la génération de vos professeurs, qui se souviennent du succès que rencontra, durant la décennie 80, le duo féminin formé par Véronique de Villèle et Davina Delor à la télévision : il s’agissait alors de gymnastique ou de mise en forme, et il suffisait de faire comme elles, mais de l’autre côté de la caméra : on s’habillait dans la même tenue pratique, et l’on répétait avec elles les mouvements du corps.

sport en ligne

Ce qui est nouveau sans doute avec internet, qui, en cela comme en d’autres matières, a tendance à détrôner la télévision, c’est que la gamme des activités physiques est plus étendue : fitness, musculation, cross training, arts martiaux, gymnastique, bien-être, cours de yoga, danses sportives, cardio, boxing, et même natation et aquagym ! Alors, bien sûr, pour ces trois dernières activités, il s’agit plutôt de tutoriels divisés en chapitres vidéos : peut-être qu’un jour, avec le progrès technique, nous arriverons à de véritables coachings en direct.

Mais pour les autres que nous avons cités, pour autant que vous vous soyez équipés convenablement chez vous, il est possible de vous adonner à votre activité sportive sans devoir prendre la peine de vous rendre dans une salle de sport. Et même, de cette manière, vous pouvez éventuellement vous offrir un coaching individuel plutôt que collectif : rien n’empêche un coach de vous consacrer une séance. Certes, le business model n’est alors plus le même, parce que le coach doit se faire payer. Or, l’avantage d’un coaching collectif, c’est que son coût est moindre que celui pratiqué dans un club. Mais en tout état de cause, tous les arrangements sont possibles.

Arrêtons-nous quand même sur cet aspect des coûts. Le nombre des participants permet à l’offre de pratiquer des coûts très bas, d’autant que les frais fixes sont évidemment beaucoup moindres que ceux d’une salle, surtout celles des grandes villes. Il n’empêche que le nombre de participants en ligne, avec possibilité pour chacun de poser sa question, son problème personnel, réduit forcément la possibilité d’un très grand nombre de participants, même si l’on peut imaginer des cotisations différenciées entre les participants actifs et les participants passifs qui ne peuvent se manifester. Ce qui obligerait à constituer des groupes, en réalité, moins nombreux que ne le permet la technique, donc à pratiquer des coûts plus importants pour que l’activité soit rentable.

Cependant, il n’est pas impossible que l’on voie apparaître, sous ce business model, une forme sournoise d’ubérisation, avec des coachs moins bien rémunérés qu’en salle. C’est un phénomène général, on le sait, et même mondial : l’évolution des outils de production détermine celle de nos rapports sociaux, comme l’a enseigné Marx, et cette évolution là pourrait bien accentuer la prolétarisation des coaches.

Alors cette catégorie de coach deviendrait comme le métier qui lui a donné son nom : le modeste cocher du fiacre… Mais, comme disait Kipling, ceci est encore une autre histoire…

 

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D’où nous vient la Saint Valentin ?

D'où vient la saint valentin

 

 

Nous approchons de la fête de la Saint Valentin, à la mi-février, et la question se pose à bon nombre de nos étudiants, qui pour la plupart sont jeunes et pleins de fougue, de savoir d’où vient cette tradition d’une fête des amoureux.

La Saint valentin, une tradition très ancienne

Eh bien elle est très ancienne, et comme la majorité de nos traditions, résulte d’un mélange entre notre héritage gréco-romain – en l’occurrence, ici, seulement romain – et l’imprégnation du christianisme.

On sait que la légende veut qu’au VIIIe siècle avant notre ère, deux frères, Romulus et Rémus, aient été nourris par une louve. C’est donc grâce à cette protection que Rome pourra être fondée plus tard par Romulus. A Rome donc, où l’année commençait non pas en janvier comme aujourd’hui mais le 1 er mars, on fêtait le 15 février les lupercales, du mot « lupus », le loup, et « arcere », écarter : le mot ainsi forgé est lourd de sens, il signifie que c’est une louve qui a protégé les enfants contre les loups. Il en est de même de la sexualité, qui est louve quand elle est prédatrice, mais qui est lupercale quand elle est encadrée pour produire une naissance.

Chaque mi-février donc, à Rome, des jeunes gens déguisés en faunes, vêtus d’un pagne de bouc, arpentaient les rues en riant et fouettaient gentiment les femmes qu’ils rencontraient avec des lanières d’un bouc qui venait d’être sacrifié par un prêtre luperque, toujours issu des plus anciennes familles fondatrices de la ville. Les épouses qui souhaitaient attendre un enfant se prêtaient de bonne grâce à ce jeu.

Paradoxalement, c’est un empereur persécuteur de chrétiens, Claude II, qui le premier, anticipa malgré lui un rapprochement avec le travail d’évangélisation populaire de l’Eglise. En effet, le 14 février 269, il fit décapiter Valentin, évêque de Terni dans le sud de l’Ombrie, région voisine du Latium, accusé d’encourager de trop nombreux mariages, qui en tant que tels diminuaient le nombre d’hommes célibataires disponibles pour le service légionnaire. A- t-il intentionnellement choisi cette date pour décourager les entreprises amoureuses des hommes jeunes ? Difficile de le savoir.

La fête des lupercales

Le temps passa. Rome devint chrétienne en 392, l’Empire se scinda en deux en 395, la Rome d’Occident s’effondra en 476, laissant l’évêque de Rome, chef de l’Eglise – les chrétiens d’orient ne le contestaient pas encore – seule autorité de la Ville suffisamment légitime pour devoir veiller à l’ordre public et à la régulation des mœurs. C’est dans cet esprit qu’en 494, le pape Gélase décida d’interdire la fête des lupercales aux chrétiens qui, par tradition, par habitude romaine, s’y livraient encore. On sait que l’Eglise, qui reconnaît des semences du Verbe, ou des vérités évangéliques partielles, dans les religions païennes, a superposé les fêtes chrétiennes sur des fêtes païennes, comme elle a souvent édifié des lieux de culte sur d’anciens temples, comme à Notre-Dame de Paris, par exemple. C’est dans ce même esprit qu’elle a profité de ce que le 14 février était bien la date anniversaire du martyre de Valentin pour évoquer une fête des amoureux.

Naturellement, cette fête n’entrant pas dans la liturgie, il lui fallut beaucoup de temps pour se répandre hors de Rome en tant que fête traditionnelle, dénuée de sens religieux à proprement parler ; d’ailleurs ce n’est que mille ans plus tard que le pape Alexandre VI l’institua officieusement « fête des amoureux ».

Une fête « commerciale »

Aujourd’hui, le marketing s’en mêlant, on encourage les couples qui s’aiment à s’offrir des cadeaux, un dîner au restaurant, quelque chose en tout cas qui exprime l’amour durable, donc fécond, l’amour « lupercal », qui protège des loups, des prédateurs. Ainsi a perduré cette tradition vieille de 2.700 ans.

 

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