Le Sport en ligne 

 

En milieu urbain, compte tenu de l’intensité du travail et du temps de transport, beaucoup hésitent à se rendre dans les salles de sport individuelles pour entretenir leur forme, surtout quand ils ne sont pas célibataires : souvent, ils paient un abonnement sans pouvoir en profiter pleinement. Le développement technique leur permet aujourd’hui de remplacer la salle par des séances en ligne sur internet.

Il peut paraître paradoxal d’envisager de faire du sport individuel, non pas en salle, mais en ligne. Et pourtant, nous assistons à une montée en puissance de ce modèle, qui est aussi, vous l’aurez compris, un business model – nous y reviendrons. D’ailleurs, il n’est pas tout à fait nouveau pour la génération de vos professeurs, qui se souviennent du succès que rencontra, durant la décennie 80, le duo féminin formé par Véronique de Villèle et Davina Delor à la télévision : il s’agissait alors de gymnastique ou de mise en forme, et il suffisait de faire comme elles, mais de l’autre côté de la caméra : on s’habillait dans la même tenue pratique, et l’on répétait avec elles les mouvements du corps.

sport en ligne

Ce qui est nouveau sans doute avec internet, qui, en cela comme en d’autres matières, a tendance à détrôner la télévision, c’est que la gamme des activités physiques est plus étendue : fitness, musculation, cross training, arts martiaux, gymnastique, bien-être, cours de yoga, danses sportives, cardio, boxing, et même natation et aquagym ! Alors, bien sûr, pour ces trois dernières activités, il s’agit plutôt de tutoriels divisés en chapitres vidéos : peut-être qu’un jour, avec le progrès technique, nous arriverons à de véritables coachings en direct.

Mais pour les autres que nous avons cités, pour autant que vous vous soyez équipés convenablement chez vous, il est possible de vous adonner à votre activité sportive sans devoir prendre la peine de vous rendre dans une salle de sport. Et même, de cette manière, vous pouvez éventuellement vous offrir un coaching individuel plutôt que collectif : rien n’empêche un coach de vous consacrer une séance. Certes, le business model n’est alors plus le même, parce que le coach doit se faire payer. Or, l’avantage d’un coaching collectif, c’est que son coût est moindre que celui pratiqué dans un club. Mais en tout état de cause, tous les arrangements sont possibles.

Arrêtons-nous quand même sur cet aspect des coûts. Le nombre des participants permet à l’offre de pratiquer des coûts très bas, d’autant que les frais fixes sont évidemment beaucoup moindres que ceux d’une salle, surtout celles des grandes villes. Il n’empêche que le nombre de participants en ligne, avec possibilité pour chacun de poser sa question, son problème personnel, réduit forcément la possibilité d’un très grand nombre de participants, même si l’on peut imaginer des cotisations différenciées entre les participants actifs et les participants passifs qui ne peuvent se manifester. Ce qui obligerait à constituer des groupes, en réalité, moins nombreux que ne le permet la technique, donc à pratiquer des coûts plus importants pour que l’activité soit rentable.

Cependant, il n’est pas impossible que l’on voie apparaître, sous ce business model, une forme sournoise d’ubérisation, avec des coachs moins bien rémunérés qu’en salle. C’est un phénomène général, on le sait, et même mondial : l’évolution des outils de production détermine celle de nos rapports sociaux, comme l’a enseigné Marx, et cette évolution là pourrait bien accentuer la prolétarisation des coaches.

Alors cette catégorie de coach deviendrait comme le métier qui lui a donné son nom : le modeste cocher du fiacre… Mais, comme disait Kipling, ceci est encore une autre histoire…

 

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