L’euphorie boursière

L’euphorie boursière
L’Economie n’est pas une science prédictive, nous le savons, mais rien ne nous empêche d’hasarder quelques prospectives, non pas tant sur l’activité économique elle-même que sur l’activité financière.
Naturellement, l’une et l’autre sont liées. Déjà, avant la grippe chinoise, les économies avancées pratiquaient massivement l’assouplissement quantitatif – quantitative easing – consistant à injecter de la monnaie toute neuve dans les rouages de l’activité économique pour la soutenir en facilitant le crédit. Ce système présente évidemment le risque de provoquer de l’inflation à force de banaliser la monnaie, mais en fait, ce qui se produit aujourd’hui, c’est que l’assouplissement, au lieu d’aller vers l’activité, favorise plutôt la spéculation. Donc, pas d’inflation, mais en revanche, gonflement exagéré du marché boursier, lequel ne reflète pas l’état réel de l’économie mondiale.
Nous avons plusieurs exemples historiques de survalorisation des marchés : rappelons-nous seulement qu’avant l’éclatement de la bulle japonaise à la fin des années 80, l’immobilier de Tokyo équivalait en valeur boursière à celui de l’ensemble des Etats-Unis. C’est alors que le Nikkei a soudainement perdu 80% de sa valeur. Avec la crise engendrée par la grippe chinoise, les Etats ont injecté 24.000 milliards dans l’économie, mais cet argent est allé moins vers la consommation que vers l’épargne immobilière et boursière, de sorte que l’euphorie boursière a été accentuée : le NASDAQ, par exemple, a grimpé de 105%.
En France, l’indice boursier est à 6.300 points, du jamais vu depuis l’an 2000 quand l’action France Telecom avait pris 20 points en une seule journée par surinterprétation de l’introduction en bourse de Wanadoo. Aux Etats-Unis, l’indice Standard & Poors a connu en un an sa plus forte hausse depuis 1936 : est-ce un signe de décorrélation ?
Certes, on entend des voix rassurantes : les entreprises non-concurrentielles qui font faillite libèrent du capital et de la force de travail qui se réorientent vers les entreprises les plus fiables. 17% de l’activité française devront être ainsi restructurés – ce qui, entre parenthèses, exige un gros effort de formation ou de reformation pour environ deux millions de contributeurs à l’activité générale, et place notre école au cœur de cette dynamique générale. En tout cas, ce mouvement atténuerait la décorrélation entre la bourse et la création de richesse véritable.
Le marché boursier actuel
Il n’empêche que l’euphorie actuelle des marchés encourage la recherche de l’effet de levier. Rappelons-en la définition : si vous investissez 1 000 € et que le courtier vous promet un effet de levier de 20, il misera 20 000 € en votre nom. Mais si l’action baisse de 10 % du cours de votre actif, vous perdrez 2 000, alors que vous n’aviez investi que 1 000. Ainsi devenez-vous débiteur du double de votre créance initiale. Quelques-uns pensent que la bourse, c’est comme le casino. Ce n’est pas vrai : la bourse exprime l’activité et même la soutient. Mais peut-on parler de soutien quand on assiste à l’emballement actuel des indices ?
Cela dit, répétons-le, l’économie n’est pas une science prédictive, et gardons en mémoire l’enseignement d’un célèbre investisseur contemporain, Peter Lynch, s’adressant aux à tous ceux qui ont constamment peur d’un krach boursier : « Plus d’argent a été perdu par anticipation des crises que par les crises elles-mêmes ».
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