La retraite, un horizon introuvable ?

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Comment réformer nos régimes de retraite pour répondre aux défis de l’avenir ?

Pour se faire une idée des difficultés qui attendent la société française, il convient de rappeler quelques chiffres. Car notre système par répartition n’est viable que pour autant que la démographie demeure saine. Un cotisant aujourd’hui ne cotise pas pour lui-même mais pour payer la retraite de celui qui vit en ce moment même à la retraite. Dans les années Soixante, environ Trois cotisants et demi payaient un retraité, lequel vivait en moyenne entre deux et cinq ans au-delà de son départ à la retraite, généralement fixé à l’époque à 65 ans.

Mais aujourd’hui, seulement Un homme et demi payent la retraite du retraité qui désormais a une espérance de vie de 20 ans après son départ. Nous vivons plus longtemps, c’est bien, mais
le poids des vieux s’alourdit toujours plus, dans un pays où les générations ne se renouvellent plus comme avant.

Alors, y a-t-il une solution ? Non, il n’y en a pas, du moins n’y en a-t-il aucune qui soit idéale. Certes, on peut reculer l’âge de la retraite, qui d’ailleurs en France est moins élevé que la moyenne européenne ; c’est probablement indispensable mais ce sera un cautère sur une jambe de bois, d’autant que l’on prévoit à l’horizon 2050 une espérance de vie encore allongée de dix ans supplémentaires : trente ans de vie à la retraite, contre entre deux et cinq ans dans les années Soixante où la natalité était dynamique : dans quelque direction que l’on se tourne, le problème reste entier.

Certains préconisent d’améliorer le système par répartition par un système par capitalisation. Ce n’est pas bête en effet, à condition que la monnaie dans laquelle cette capitalisation ne soit pas soumise à une érosion au fil des années, ce qui est bien le cas de l’euro, dont le pouvoir d’achat ne cesse de baisser. D’autre part, cette capitalisation n’est jamais à l’abri des tempêtes financières qui surviennent régulièrement dans notre économie où la spéculation boursière dépasse de trop haut la richesse réellement produite. Sans même parler des escroqueries comme celle de Madoff ou plus récemment de Bankman qui ont réduit à rien les fonds de pension de milliers d’épargnants, mais encore ce phénomène reste-t-il, somme toute, marginal.

L’essentiel est de savoir que, dans ce domaine, on en revient à l’enseignement de Jean Bodin, le grand économiste angevin du XVIe siècle : « Il n’est de richesse que d’hommes ». Dans un système de retraite comme le nôtre, par répartition, moins d’hommes égalent moins de richesse. Nous ne sortirons pas de cette impasse, quelles que puissent être les innovations concertées entre les syndicats et le Gouvernement ; mais, dans le débat politique qui risque bien de monter en température à ce propos en janvier prochain, il n’est peut-être pas nécessaire de s’en rendre compte, puisque, ainsi que nous le savons, la politique est d’abord et avant tout le royaume de l’imaginaire.

 

Sources :

Réforme des retraites : les points déjà tranchés et ceux qui sont encore en discussion

Réforme des retraites : qui sera concerné ? Ce qui vous attend en 2023