Technocratie

 

technocratie

Qu’est-ce que la technocratie ?

On entend souvent des critiques adressées à ceux que l’on appelle un peu rapidement « des technocrates » ; mais, fondamentalement, qu’est-ce que la technocratie ? Le mot a été composé à partir du grec ancien : « kratos », qui est l’un des termes utilisés pour indiquer le pouvoir, ou plus précisément la domination, la maîtrise des hommes ; et « tekhnè », qui est la production matérielle. La technocratie est ainsi une domination exercée, au sein d’un groupe, un Etat ou une entreprise, par celui ou ceux qui maîtrisent la technologie nécessaire à la bonne marche de l’ensemble. Face à un manager, dont le profil est le plus souvent généraliste en dépit de son éventuelle spécialisation dans un domaine (RH, marketing, communication, gestion etc.), cette maîtrise exclusive d’une technique indispensable à la bonne marche de l’ensemble peut conduire à une confiscation pure et simple du pouvoir réel par le technocrate, privant le manager d’une liberté véritable de décision.

 

L’impact de la technocratie en entreprise

En entreprise, un exemple bien connu est celui de l’informaticien, du directeur informatique, qui est seul à connaître son domaine, et peut ainsi insensiblement imposer ses décisions au manager senior, puisque son supérieur hiérarchique ignore tout ou presque des subtilités de cette technique. Il peut ainsi configurer le site de l’entreprise à sa guise ; il peut, et c’est évidemment plus grave, accaparer tout le processus de passation de marché avec un fournisseur, ce qui peut ouvrir la porte à des abus, des trafics d’influence, des ententes privées entre lui-même et le fournisseur. On a vu des entreprises, et plus souvent encore des collectivités publiques, acquérir des logiciels pour des prix excédant largement ceux du marché, pour la seule raison que le technicien imposait au manager un point de vue abusif, non sincère.

 

Un risque de tromperie dans tous les domaines

Ce risque de tromperie se retrouve évidemment dans n’importe quel type d’organisation, et- on n’y pense pas assez – dans notre expérience individuelle, dès lors qu’un particulier désireux de changer sa chaudière, voire son mode de chauffage, ou de faire refaire son toit, ou de faire regarder le moteur de sa voiture après une rupture de la courroie de distribution, devient vulnérable entre les mains du mécanicien, devant le travail quasi invisible du couvreur juché sur son toit, le discours du chauffagiste exposant des coûts pas toujours facilement vérifiables.
Il faut donc au consommateur, comme au manager, qu’il cultive la vertu de prudence, qui consiste à ne pas abandonner sa confiance à n’importe qui, tout en devant bien faire confiance à celui qui a la compétence nécessaire à la bonne marche de l’entreprise, mais en gardant à l’esprit que la confiance n’exclut pas le contrôle.